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Vous le savez, j’aime vous partager mes coups de cƓur et mettre en avant les femmes et les hommes qui m’inspirent au quotidien.

CÎté mode, cela a été le cas avec les interviews de Laurence, ma chapeliÚre préférée de la marque Studio Grimel à Clisson, du collectif de créatrices du collectif Emergence, ou encore de Si, le boss des concepts store House of California et Back to California.

J’ai voulu continuer ma dĂ©marche d’interview de ces jolies rencontres, car elles mĂ©ritent selon moi d’ĂȘtre connues. Ce sont des personnes dont je suis admirative, et qui font des choses gĂ©niales, le plus souvent dans une dĂ©marche de respect de notre chĂšre planĂšte.

Je ne saurais pas vous dire comment j’ai dĂ©couvert Camille, la crĂ©atrice de la marque de jeans Yokow. Mais lorsque je suis tombĂ©e sur son site internet, j’ai tout de suite su qu’on allait s’entendre. Ses influences, ses choix en matiĂšre de coupe et de tissus
 Tout son univers m’a tout de suite plu. Et c’est lorsque j’ai essayĂ© pour la premiĂšre fois l’un de ses modĂšles dans la boutique Tribu situĂ©e dans le centre-ville de Nantes, que je suis tombĂ©e sous le charme de la marque.

C’est avec gentillesse qu’elle a acceptĂ© de rĂ©pondre Ă  mes questions sur son parcours et sa marque. Loin d’ĂȘtre un projet facile, Camille a fondĂ© sa propre marque de vĂȘtements intemporels.

Nous nous sommes retrouvĂ©es autour d’un dĂ©jeuner convivial et chaleureux dans le cafĂ© du port de Trentemoult. L’occasion pour nous deux de mieux faire connaissance et comprendre que nous sommes de la mĂȘme gĂ©nĂ©ration ! Pas Ă©tonnant que nos rĂ©fĂ©rences en matiĂšre de films ou d’icĂŽnes fĂ©minines soient les mĂȘmes !

Alors, posez-vous confortablement, mettez un fond sonore soul, et dĂ©couvrez cette Nantaise engagĂ©e, son parcours, sa vision de la mode et du jean, ses dĂ©marches responsables et ses piĂšces canons. J’espĂšre que cette entrevue vous permettra d’avoir le dĂ©clic pour acheter ses jeans, jupe et shorts, et d’en finir une bonne fois pour toutes avec la fast fashion.

Camille, peux-tu te présenter en quelques mots et nous livrer pourquoi tu as choisi ce nom ?!

Je m’appelle Camille Trivun, j’ai 44 ans, je suis originaire de la rĂ©gion nantaise.

Je suis styliste et modĂ©liste de formation. J’ai fait mes Ă©tudes de mode Ă  l’ESMOD, dans leur Ă©cole basĂ©e Ă  Rennes, avec des antennes Ă  Paris, Bordeaux, Lyon et Roubaix. AprĂšs ma 3Ăšme annĂ©e de fin d’Ă©tudes Ă  Paris, berceau de la mode, j’y ai travaillĂ© pendant 10 ans. Ensuite, je me suis rapprochĂ©e de ma terre natale en travaillant pendant 8 ans en Bretagne, avant de revenir enfin sur Nantes.

Je suis la créatrice de la marque YOKOW depuis 2019, une marque qui propose des modÚles de jeans bruts, atemporels, naturels comme nous toutes et tous.

Camille TRIVUN de YOKOW Nantes | Jupette et Salopette

crédit photo : isabelle Thorelo

« Le nom Yokow est venu trĂšs bĂȘtement ! »

J’aimais beaucoup le graphisme des lettres W, K et O. C’Ă©tait pour moi un moyen d’expression, que l’on pourrait retrouver sur le produit, que cela soit sur le bouton, sur l’Ă©tiquette. Je n’avais pas envie d’un nom français. Mon idĂ©e Ă©tait trĂšs prĂ©cise, et en mĂȘme temps trĂšs flou ! Je ne recherchais pas de sens, je voulais que ce soit en deux syllabes.

Nous avions un poisson rouge qui s’appelait Yoko et un jour, mon fils me demande comment s’appelait cet animal de compagnie. C’est en le disant, 6 mois aprĂšs que je cherchais le nom de la marque, que j’ai rĂ©alisĂ© que c’Ă©tait ça le nom ! J’ai rajoutĂ© Ă  la fin le W pour le graphisme. L’inspiration Yoko Ono bien sĂ»r aussi, les annĂ©es 70, les Beatles.. Tout cela Ă©tait finalement une Ă©vidence.

Yokow Nantes | Jupette et Salopette

À quelle pĂ©riode as-tu dĂ©cidĂ© de crĂ©er ta marque, et pourquoi ?

J’ai travaillĂ© pour diffĂ©rentes marques de prĂȘt-Ă -porter fĂ©minin « milieu de gamme » pendant plus de 15 ans (Naf Naf, Chevignon, le groupe Beaumanoir…).

Au dĂ©but de ma carriĂšre de styliste, les collections changeaient au fil des saisons. J’aimais cette façon de travailler. On Ă©tait sur quelque chose de bien construit, de bien rythmĂ©, rĂ©alisĂ© de maniĂšre raisonnĂ©e.

Entre cette façon de faire Ă  20 ans et celle que j’ai connue 15 ans aprĂšs, le rythme n’Ă©tait plus du tout le mĂȘme.

Au fil du temps, la frĂ©quence de renouvellement des collections augmentait jusqu’à atteindre une nouvelle collection par mois. Consciente que ce rythme incessant participait Ă  la surproduction textile, j’ai fait le choix de proposer mon alternative en crĂ©ant YOKOW Nantes en fin d’annĂ©e 2019.

« Avec Yokow j’ai donc voulu tout dĂ©construire. Le rythme des collections, la façon de faire. Je travaille aujourd’hui au ralenti, en « slow fashion », pour prendre le temps et pour que cela convienne Ă  toutes et tous ».

J’ai voulu me rapprocher de ce que j’ai connu et aimĂ© Ă  l’origine dans la crĂ©ation de la mode. Une crĂ©ation rĂ©flĂ©chie, Ă  l’Ă©coute de ses clients, faire le moins possible pour ĂȘtre au plus juste, donc ne pas surproduire.

C’est ça ce qui m’importe: ĂȘtre sĂ»re que chaque modĂšle confectionnĂ© trouvera une personne en face. Surtout, ne pas se dire que l’on va sur-fabriquer pour solder, et que l’on va calculer tout ça dans les coĂ»ts. Cette dĂ©marche-lĂ  n’est pas pour moi.

Le point le plus important pour Yokow c’est vraiment le bien-ĂȘtre et le confort, adaptĂ© Ă  chaque morphologie. Se sentir beau, belle, s’affirmer ou se rĂ©vĂ©ler mais pas ĂȘtre dĂ©guisĂ©.

Dans les sociĂ©tĂ©s de prĂȘt-Ă -porter, gĂ©nĂ©ralement on part sur un prototype qui correspond Ă  un modĂšle de femme moyenne. Cela correspond Ă  un 38-40, pour une hauteur d’1m63. Il y a des mannequins cabine qui font les essayages de cette taille moyenne pour mettre au point les collections. Haut, bas, piĂšces Ă  manches, les manteaux.. Mais en rĂ©alitĂ©, on ne s’intĂ©resse absolument pas au restant des tailles qui existent dans la gamme de taillant de la marque. Les client(e)s finalement sont les vraies premiĂšres cobayes ! (34, 44..)

J’ai voulu m’intĂ©resser justement Ă  TOUTES les tailles car nous sommes loin d’ĂȘtre toutes identiques ! Savoir comment cela va tomber sur une certaine morphologie, oui mais en 34 ou en 46, c’est tout aussi important ! Par exemple, plus la taille augmente, plus mes poches arriĂšres grossisses pour habiller les fessiers et que cela soit joli, plus voluptueux, mais aussi d’avoir un retour de confort dans tous les gabarits.

« Ce n’est pas de la mode, c’est du bien-ĂȘtre ».

Je veux que les clients(es) viennent surtout chercher chez Yokow quelque chose dont ils/elles ont besoin et non pas un doublon qui est déjà dans le dressing.

Quand quelqu’un essaie un jean, je commence tout de suite par demander ce qu’ils/elles ont comme modĂšles. Je veux vraiment que le jean soit portĂ©, qu’il dure. C’est pour cette raison que mes modĂšles sont pensĂ©s aussi en durabilitĂ© avec des petits dĂ©tails qui font qu’ils durent plus longtemps.

En rĂ©sumĂ©, chaque vĂȘtement Yokow est raisonnĂ©, Ă©cologique et adaptĂ© aux formes et aux humeurs des diffĂ©rents clients.

Tes expériences passées ont-elles influencé ton regard sur les conditions de fabrication ?

C’est sĂ»r, c’est Ă©galement ce qui a Ă©tĂ© le dĂ©clic pour moi. Le rythme des collections toujours plus soutenu pousse les ouvriers Ă  ĂȘtre sur place, Ă  habiter au plus prĂšs de l’usine, en famille.

L’aspect Ă©cologique sur quelle teinture, quel dĂ©lavage, quel produit est utilisĂ© pour produire un vĂȘtement. En apprenant au dĂ©but, on ne voit pas tout ça. On n’en a mĂȘme pas conscience ! On pense mode, on pense couleur, on pense inspiration, mais on ne perçoit pas l’envers du dĂ©cor.

C’est Ă  force de voyage et d’expĂ©rience, que c’est devenu trop compliquĂ© pour moi de contribuer Ă  tout ça. Je n’Ă©tais pas alignĂ©e avec mes valeurs, cela ne me convenait pas.

Aujourd’hui, je suis fiĂšre de dire que les jeans YOKOW Nantes sont confectionnĂ©s en Tunisie, dans un atelier Ă  taille humaine, respectueux de ses salariĂ©s. J’ai choisi cet atelier car il est spĂ©cialisĂ© dans le denim et propose des techniques alternatives, innovantes et Ă©cologiques pour Ă©viter les produits chimiques et une surconsommation en eau aprĂšs confection.

Idem, créer et confectionner des jeans bruts est un choix de style ; une passion pour le denim original et authentique.
Produire des jeans bruts c’est aussi un choix engagĂ©, celui de fabriquer des jeans autrement, avec un impact environnemental et social le plus vertueux possible.

Peux-tu nous parler de tes inspirations ?

Lorsque je crĂ©e des jeans, des shorts ou des jupes, ils deviennent immĂ©diatement pour moi, des tempĂ©raments et non plus de simples produits textiles. C’est le point de dĂ©part de chacun de mes modĂšles. Ils sont tous Ă©troitement liĂ©s Ă  des personnages cinĂ©matographiques ou des icĂŽnes de courants musicaux ou personnalitĂ©s engagĂ©es.

Mood Board Inspirations Yokow Nantes | Jupette et Salopette Mood Board Inspirations Yokow Nantes | Jupette et Salopette

Les modĂšles Thelma et Louise, par exemple, forment comme la rĂ©fĂ©rence au film, un joli duo. Le Thelma reprĂ©sente la fĂ©minitĂ©, le lĂącher-prise dans une innocente sĂ©duction. Comme l’hĂ©roĂŻne du road movie, cette femme-enfant aux allures de pin-up des annĂ©es 50, ce modĂšle rĂ©vĂšle les courbes naturelles de chaque femme.

A contrario, plus dans la maütrise et la raison, LOUISE reste original, c’est l’authentique jean 5 poches, basique, intemporel et incontournable du dressing.

Le modĂšle Meryl par exemple, c’est le modĂšle qui peut rĂ©vĂ©ler la femme forte qui sommeille en chacune d’entre nous. Comme Meryl Streep, considĂ©rĂ©e comme la meilleure actrice de sa gĂ©nĂ©ration, ce jean taille haute, mom fit est travaillĂ© pour s’adapter au bassin de chaque femme.

Brigitte, quant à lui, est plutÎt pensé pour une liberté absolue.

InspirĂ©e du personnage jouĂ© par Farrah Fawcett dans les DrĂŽles de dames, la jupe JILL puise son inspiration dans les annĂ©es 70’s.

« Ils prennent vie, révélant ou affirmant des caractÚres »

Janis, comme l’icĂŽne du Summer of Love et du Club des 27, est un vĂ©ritable parti pris de look. Sentez-vous rock, star et osez porter la coupe Flare de maniĂšre intemporelle. Peu importe les tendances, il vous dĂ©marquera des autres. AccessoirisĂ© avec des boots, il affirmera votre silhouette.

LĂ©onard est le premier nom masculin, mais sans doute pas le dernier ! J’ai volontairement choisi ce nom car il s’agit d’une coupe unisexe, s’adressant aux femmes et aux hommes.

Les autres noms Simone, Nina et Susan sont tous choisis avec ces mĂȘmes convictions, de prĂ©senter et rĂ©vĂ©ler le caractĂšre fort, l’identitĂ© singuliĂšre de chaque produit.

Camille, quelle est la piĂšce favorite de ta collection ?

C’est trĂšs cyclique. La piĂšce de base, c’est la piĂšce seventies, le Janis pour moi.

C’est un modĂšle qu’on porte malheureusement souvent en suivant les tendances, qui reviennent de maniĂšre cyclique. Le flare sous toutes ses formes qu’il soit en velours, en jean, avec les poches plaquĂ©es devant. Or pour moi, cela ne doit pas ĂȘtre un modĂšle qu’on porte pendant ces tendances lĂ , et bien au contraire !

Donc je dirais celui-lĂ , mĂȘme si je les aime tous. Le LĂ©onard, petit dernier de la collection, j’en suis assez dingue. Plus ça va, plus j’aime quand la jambe prend le large, que la matiĂšre ne colle pas. Le Simone, le Brigitte, le Janis et le LĂ©onard, ce sont des modĂšles qui se positionnent sur la taille et ensuite on ne le sent plus, comme la jupe Jill.

Quels sont les avantages et les inconvĂ©nients d’une marque de petits crĂ©ateurs ?

La problĂ©matique aujourd’hui pour les petits crĂ©ateurs comme nous, c’est de faire du mieux possible avec des petits moyens ou une notoriĂ©tĂ© rĂ©duite. Je me suis vu fermer les portes au tout dĂ©part du salon Made in France parce que je n’Ă©tais pas connue. Je pensais qu’il suffisait juste d’avoir l’envie, une trĂ©sorerie pour ĂȘtre au rendez-vous pour les paiements et puis l’expertise. Je pensais que c’Ă©tait forcĂ©ment un plus, et en fait non !

L’inconvĂ©nient quand on est petit et avec une dĂ©marche Ă©cologique, c’est que les petits mĂ©trages ne peuvent pas ĂȘtre rĂ©alisĂ©s. Il faut tout de suite des grandes quantitĂ©s. Pour la confection aussi, c’est en grande quantitĂ©. J’avais trouvĂ© des acteurs locaux, mais ils ne voulaient pas dĂ©velopper pour moi en petite quantitĂ©. Et c’est surtout que les usines actuelles s’intĂ©ressent d’abord aux produits du luxe. C’est grĂące Ă  eux qu’ils ont pu perdurer pendant toutes ces annĂ©es donc avec un petit crĂ©ateur, ils ne s’engagent pas dans des dĂ©lais prĂ©cis. Sauf que, comme je produis un modĂšle tous les 6 mois, s’il n’est pas au rendez pour mes clientes, ma marque ne tiendra pas la route !

Je continue mes recherches de fabrication en France, mais tu comprends pourquoi j’ai finalement choisi la fabrication en Tunisie. C’est un pays expert du denim, qui accepte de rĂ©aliser mes petites quantitĂ©s et surtout il me satisfait plus que tout. Les produits sont top, rĂ©alisĂ©s dans la perfection, endroit comme envers, donc pour cela je suis hyper contente.

« Être un petit crĂ©ateur oblige Ă  ĂȘtre agile, Ă  toujours se bouger, Ă  ĂȘtre en veille »

Mais il y a aussi des avantages Ă  ĂȘtre un petit crĂ©ateur ! C’est d’abord de pouvoir raisonner dans la globalitĂ© du projet. Ma dĂ©marche Ă©cologique est faite du dĂ©but Ă  la fin. Mon souhait est de ne pas surconsommer en eau et de n’utiliser que des rinçages Ă©cologiques. Voire mĂȘme de ne pas proposer du tout de dĂ©lavage.

Louise pas exemple n’est pas du tout lavĂ©. Ce modĂšle est un peu « touchy » car il va rĂ©trĂ©cir au lavage. Je dois donc accompagner davantage le(la) client(e). J’explique aussi sur des flyers, je prĂ©sente le produit et je conseille en boutique pour que la cliente ne soit pas déçue. Je lui propose un jean avec un peu plus d’aisance pour anticiper ce retrait qui va avoir lieu. Mais 9 modĂšles sur 10 ont reçu un rinçage Ă©cologique, ce qui Ă©quivaut Ă  3 litres d’eau pour un kilo de jean lors de l’étape de lavage.

Je suis hyper contente d’avoir eu accĂšs Ă  cette dĂ©marche-lĂ , grĂące Ă  mon confectionneur en Tunisie qui, voyant ma dĂ©marche et de confection confort, de choix de mes matiĂšres m’a dit : « moi je peux te proposer cette alternative là » donc c’Ă©tait comme une Ă©vidence.

Idem pour mon conditionnement. C’est moi qui suis allĂ©e vers mon confectionneur car je ne voulais pas de polybag en plastique qui enveloppe chaque produit conditionnĂ© dans des cartons. Je ne fais pas toute cette dĂ©marche pour qu’aprĂšs on mette chaque modĂšle dans un polybag en plastique, qui est de rigueur dans le secteur.

J’ai donc proposĂ© d’enrouler chacun de mes jeans dans une feuille en kraft. Ils sont ensuite rangĂ©s comme des gros cigares (environ 25 jeans) dans des cartons. J’ai juste un trĂšs grand sac plastique depuis peu pour Ă©viter l’humiditĂ© sur les quais, quand ils voyagent. Certes, cela augmente le coĂ»t, car l’artisan met plus de temps lors de cette Ă©tape de conditionnement mais j’assume et je vais au bout de la dĂ©marche. Ce sont de petites briques, mais mises bout Ă  bout, elles me font ĂȘtre fiĂšre de ma marque.

Peux-tu nous dĂ©voiler les diffĂ©rentes Ă©tapes de fabrication d’un modĂšle Yokow ?

Tout dĂ©marre par un croquis, rĂ©alisĂ© ici, chez moi Ă  Nantes. Ensuite l’assemblage, le dĂ©lavage et la finalisation, tout est rĂ©alisĂ© en Tunisie.

Quand mon croquis est finalisé, je prends rendez-vous avec les confectionneurs de matiÚre premiÚre (pour moi le denim). Je reçois les robrack (échantillonnages textiles). En fonction de mes croquis, de mes inspis, je sélectionne le textile le plus adapté.

Puis, je réalise ensuite un dossier technique avec notamment toutes les poches en taille réelle. Ce travail de morphologie est trÚs important pour moi.

Croquis jean Yokow Nantes | Jupette et Salopette

Ensuite, je fais rĂ©aliser un prototype Ă  ma taille, ce qui me permet d’opĂ©rer les modifications aprĂšs essayages. AprĂšs cette Ă©tape, je corrige et lance un nouveau prototype dans ma taille et dans 2 tailles au-dessus. Pendant ce temps, je porte et lave mon prototype, pour voir comment il se comporte et ressentir son confort.

Idem pour les seconds prototypes.

En général, il faut compter 4 à 5 étapes de prototypages pendant un an, avant que je me décide à acheter la matiÚre.

Mon atelier de confection a reçu entre-temps les Ă©tiquettes intĂ©rieures et la matiĂšre que j’ai fait faire au prĂ©alable. Ils reçoivent tout en piĂšces dĂ©tachĂ©es, et ensuite ils font l’assemblage. Je reçois au final tous les jeans enroulĂ©s dans le papier kraft en forme de cigare.

Et pour le développement de ta marque et la vente de tes produits, quelle est ta stratégie ?

Mon objectif avec YOKOW Nantes n’est pas de vendre, ni de produire toujours plus, mais de produire en fonction des besoins, dans un ancrage local.

La marque se développe essentiellement par la participation à des événements de créateurs locaux dans le Grand Ouest. Avec YOKOW Nantes, je tiens à conserver la dimension de « petite entreprise » et la proximité avec ma clientÚle du Grand Ouest que je rencontre lors de ces rendez-vous locaux et dans mes points de vente.

Depuis mars 2020, je fais partie du collectif de la boutique TRIBÜ, boutique de crĂ©ateurs nantais. Mes jeans sont aussi en vente dans la boutique nantaise ChamarrĂ©e et le concept store nazairien LA BASE, ayant Ă  cƓur de promouvoir la mode mixte et responsable.

Bien sĂ»r les client(e)s peuvent Ă©galement directement acheter via mon site internet, dans l’onglet Boutique.

En tant que crĂ©atrice, comment vois-tu l’avenir de la mode et du jean ?

Il y a plein de belles initiatives. Nous sommes de plus en plus nombreux à nous intéresser à des démarches raisonnées, écologiques. Le jean en fait partie. Sur le territoire français, il y a de trÚs belles histoires : les marques comme 1083, DAO jeans, Atelier Tuffery sont des vrais symboles de réussite de marques de jeans.

« J’aimerais que sur notre territoire, on ne puisse s’intĂ©resser qu’Ă  nos marques françaises qui sont trĂšs riches, avec de vrais savoir-faire et qui ont une dĂ©marche raisonnĂ©e »

J’aimerais pour l’avenir qu’il y ait plus d’acteurs qui portent de vraies convictions, soit de mode soit de confort, avec une dĂ©marche qui soit experte dans un domaine prĂ©cis. Je prĂ©fĂšrerais ne pas voir naĂźtre des marques, juste pour surfer sur une tendance, mais plutĂŽt des porteurs de projets qui rĂ©ussissent dans la durĂ©e.

Peux-tu nous livrer en exclu tes prochains projets ?!!

Il y aura une déclinaison du short Nina qui a vu le jour au printemps dernier, sur une matiÚre de la collection que je travaille déjà.

D’ailleurs, je suis ravie que tu puisses participer Ă  un projet trĂšs sympa pour mettre en avant ce short.. Mais nous gardons la surprise jusqu’au bout ! Il faudra nous suivre sur les rĂ©seaux pour dĂ©couvrir tout cela au printemps prochain !

Et puis, il y a aussi la volontĂ© de continuer mes recherches pour confectionner mes jeans en France, mĂȘme si encore une fois, je suis trĂšs satisfaite de mon fabricant tunisien.

Et voilĂ , j’espĂšre que cet entretien vous a plu et vous a permis de mieux comprendre cet univers. Encore merci Ă  Camille pour sa disponibilitĂ©.

Je reste bien entendu disponible. N’hĂ©sitez pas Ă  me dire ce que vous pensez de cette interview en commentaire. Et rendez-vous trĂšs bientĂŽt pour de nouvelles rencontres inspirantes.

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