Partir à la découverte de personnes inspirantes. Vous le savez, c’est l’une des missions de ce blog. Il m’arrive d’avoir ces coups de cœur lorsque je tombe sur leurs créations, leur boutique ou leurs produits. Souvent, je commence par être cliente. Puis, c’est la blogueuse qui prend le relais. Si j’ai déjà eu l’occasion d’interviewer Si, le boss des concepts store House of California et Back to California, Laurence, la chapelière de la marque Studio Grimel à Clisson, et plus récemment Camille, la créatrice de vêtements en jean de la marque Yokow, j’avais cette fois-ci envie de vous présenter Clémentine, alias Madame Granola.
Je me souviens tout à fait de ma première rencontre avec Clémentine. C’était sur « L’Autre Marché » à Nantes, un marché de Noël éthique et solidaire imaginé et porté par Les Ecossolies. Il est devenu un vrai rendez-vous annuel pour moi. J’aime toujours aller là-bas avant les fêtes de Noël pour acheter des cadeaux avec un supplément d’âme, imaginés, transformés et commercialisés avec une démarche sociale et environnementale responsable. On y trouve toujours des structures de circuits courts, de l’insertion par l’activité économique, de l’agriculture locale, paysanne et bio, de la solidarité internationale, du réemploi solidaire… Bref, tout ce que j’aime ! Surtout pas du made in China !!
Lorsque j’ai testé ses granolas, j’ai tout de suite su que j’allais devenir accro ! Je lui ai acheté deux paquets et depuis, il y en a toujours dans mon placard pour accompagner mes yaourts.
Mais au-delà de ses produits, j’ai tout de suite senti que Clémentine avait un profil atypique. J’avais donc envie de venir passer quelques heures à ses côtés en cuisine pour en découvrir plus sur cette femme à l’énergie débordante.
Je suis touchée qu’elle ait accepté de répondre à mes questions sur son parcours. Elle m’a ainsi permis de découvrir ses secrets de fabrication, dans les cuisines du restaurant l’Orangerie à Pornic, qu’elle loue quelques fois par mois pour la réalisation de sa production.
Même si vous n’aurez pas les odeurs gourmandes dans les narines en lisant ces lignes, découvrez comment cette passionnée de mode a finalement suivi son instinct et ses passions pour lancer ses activités autour de la nutrition et de la gourmandise.
Interview de Clémentine, fondatrice de Madame Granola :
Depuis combien d’années maintenant as-tu lancé ta marque et quel a été ton parcours avant d’en arriver là ?
Voilà maintenant 3 ans que j’ai fondé Madame Granola mais je n’en suis pas à ma première entreprise !
Je suis née en région parisienne puis dès l’âge d’un an, je suis arrivée à Rennes.
Au tout départ, j’ai commencé dans la mode car petite, j’étais passionnée de dessin et de vêtements. J’en dessinais tout le temps. Ça m’a beaucoup plu. Le dessin surtout mais la couture un peu moins. J’ai surtout eu du mal avec la compétition qu’il y avait dans ce milieu. J’ai tout de même obtenu mon diplôme mais après je me suis réorientée en cuisine parce que c’est aussi quelque chose que j’aimais beaucoup. D’ailleurs, j’avais également hésité entre les fleurs et la cuisine.
« Mon parcours est assez atypique, pas vraiment linéaire. Cependant avec le recul, je me suis rendu compte que tous mes centres d’intérêt sont en lien avec le bien-être et la créativité. En fait tout ce que tu fais t’enrichit, et tu le réutilises d’une manière différente par la suite ».
Je suis donc partie en BEP cuisine avec une mention desserts de restaurant. C’est là où j’ai compris que j’aimais vraiment la pâtisserie. Mon expérience en restauration a été très enrichissante car je travaillais au sein d’un restaurant étoilé, dans la brigade en charge de la partie cocktail/mariage/banquet. Cette partie m’a beaucoup plu car c’est un véritable travail d’équipe et d’organisation pour proposer une prestation sur-mesure.
Après cette expérience, j’ai suivi une formation de crêpier, puis je suis partie pendant deux années en Espagne avec l’idée de m’installer là-bas pour vendre mes crêpes.
J’ai travaillé en service, dans la partie bar notamment, où je faisais des cocktails et j’ai vraiment apprécié le contact client. Malheureusement, le contexte de la crise en Espagne ne m’a pas permis de créer quelque chose là-bas. C’est pour cette raison que je suis rentrée en France.
C’est là que j’ai créé ma toute première entreprise. Elle s’appelait « Clem’s & Cakes« . Je faisais à l’époque de la fabrication et de la vente de pâtisseries artisanales sucrées et salées à base de produits biologiques sans gluten. C’était il y a 15 ans, j’étais trop en avance sur mon temps. Les clients n’étaient pas du tout ouverts à ce type de produits, en comparaison avec aujourd’hui, où la cuisine saine est davantage démocratisée.
J’étais aussi très jeune, j’avais 22 ans, je n’avais pas la maturité, je pense, pour m’imposer et me sentir légitime. Je ne dirais pas que mon entreprise n’a pas été un succès car il y avait de la demande sur les marchés mais un déménagement dans la région nantaise et de nouvelles opportunités m’ont fait changer de route à nouveau, il y a maintenant une dizaine d’années.
J’ai en effet commencé ma formation en naturopathie, avec un volet important sur la nutrition car je suis convaincue que santé et alimentation vont de pair.
Pourquoi as-tu décidé de te lancer dans le Granola et comment se sont passés les débuts de ce projet ?
L’idée est venue assez simplement.
Tout d’abord, j’étais déjà une amatrice de Granola, mais je n’en trouvais pas à mon goût dans les magasins ! Pas de Granola digeste, pas assez de chocolat, trop sucré… A l’occasion d’un repas de famille, j’en avais fait maison et je l’ai proposé à ma famille. C’est là que mon père a lancé l’idée d’en faire pour les autres et d’en vendre dans des boutiques et hôtels de la région. Donc l’idée a commencé à germer à ce moment-là.
En parallèle, grâce à ma formation de nutrition, je conseillais des clients qui avaient besoin de changer leurs comportements alimentaires et de cuisiner des repas équilibrés. Cependant, certains n’avaient pas le temps de préparer les repas donc je cuisinais pour eux. Et je me suis vite rendu compte que pour le petit déjeuner, le Granola était un produit phare.
C’est pourquoi j’ai eu envie de proposer un produit de qualité biologique, bon au goût, bon pour les gourmands et respectueux de l’environnement.
La force du Granola, c’est que c’est très rassasiant pour le matin. Et le mieux, c’est de manger salé juste avant car c’est le meilleur moment où le corps absorbe les protéines et les lipides.
« Le Granola est un produit complémentaire au salé. C’est un petit plus pour le plaisir, qui va aussi rassasier grâce aux oléagineux qui apportent une source de bonnes graisses et d’énergie pour bien démarrer la journée. »
Pour lancer ce second projet de création d’entreprise, j’ai suivi pendant 3 mois une formation. Elle abordait divers aspects, comme le marketing ou encore le développement personnel, au sens où il est primordial de se poser les bonnes questions. Savoir par exemple si l’idée correspondait vraiment à mes envies et mes attentes. C’est ça qui était très intéressant. L’objectif final était de « pitcher » notre projet devant des banquiers pour pouvoir obtenir une bourse de développement.
Pour le nom de mon entreprise, « Madame Granola », j’ai d’abord eu du mal à le trouver mais c’est finalement au cours de la formation qu’il m’est venu, un peu par hasard. Aujourd’hui j’en suis contente, il est facile à retenir et c’est presque devenu mon surnom (rires).
Combien as-tu de recettes aujourd’hui et quelle est celle que tu préfères ?
L’ingrédient principal pour mon Granola, c’est le flocon de petit épeautre. C’est l’une des plus anciennes céréales cultivées par l’être humain, qui garde toute son authenticité. Je l’ai choisi plutôt que l’avoine car elle est très rassasiante, digeste, riche en fibres, en protéines et pauvre en gluten.
J’ajoute à ce flocon des produits biologiques à 100%. Je suis en recherche constante pour trouver des produits sourcés au plus proche de chez nous. Pour les aliments hors de la France, je suis également sensible au commerce équitable.
C’est une fabrication artisanale réalisée environ une fois par mois dans la cuisine d’un restaurant situé sur le port de Pornic. Je découpe chaque ingrédient, je les mélange et les torréfie pour obtenir un doré et un croustillant parfaits.
Pour le packaging, je travaille également avec une entreprise française qui me fournit des sachets kraft recyclables.
Au final, j’ai quatre recettes, trois recettes sucrées et une salée :
- Granola Terracotta : Noisettes – Chocolat 72% – Fleur de sel
- Granola Majorelle : Amandes – Noix de cajou – Fleur d’oranger
- Granola Chocoa : Amandes torréfiées – Chocolat noir 72%
- Granola Curry Pepper : Noix de cajou – Curry – Poivre
En complément, je sors des éditions limitées et éphémères en fonction des saisons avec des fruits déshydratés, avec des fraises par exemple.
Ma recette préférée, c’est le Terracotta. Je pense que c’est parce que c’est le premier que j’ai lancé et aussi parce que j’ai un gros penchant pour le chocolat ! Mais il m’arrive aussi de faire mes propres mélanges. Parfois je fais du Majorelle sans fleur d’oranger, sans épice et je rajoute du chocolat pour le plaisir.
Prépares-tu de nouvelles recettes ?
J’en relance une que j’avais déjà proposée l’année dernière, mais qui était en édition très limitée donc peu de monde la connait. C’est une recette avec des pommes déshydratées et des amandes caramélisées. Et je suis en train d’en tester une autre avec du sarrasin cette fois. J’aimerais aussi sortir une barre énergétique en mode Granola, à suivre…
Après, les classiques plaisent toujours et il est également possible de me demander de faire des recettes sur mesure. J’ai par exemple une personne diabétique qui préfère ajouter des noix de cajou à la place des amandes, qui a besoin de moins de sel et de moins de chocolat dans le cadre de son régime alimentaire. J’affine les recettes au fur et à mesure pour certaines personnes afin que le produit leur convienne parfaitement.
Je peux enfin préparer des kilos en vrac pour privilégier les démarches écologiques et responsables ou tout simplement faire des économies. [Il ne faut pas hésiter à contacter Clémentine en direct, via son site, par téléphone ou en MP Instagram par exemple.]
Aujourd’hui, vis-tu de ta vente de Granola ou as-tu un autre métier complémentaire ? Comment envisages-tu l’avenir de ta marque ?
Au départ je ne faisais que ça et j’en vivais bien, mais je me suis rendu compte que j’avais besoin d’une activité complémentaire pour diversifier mon entreprise. C’est aussi énormément de travail, entre la production et le démarchage.
C’est pourquoi j’ai décidé d’arrêter la vente en boutique. Je me concentre maintenant seulement sur les marchés et les événements, en complément de mon site internet.
D’ailleurs, les Nantaises et les Nantais pourront me retrouver une fois par mois au Marché paysan & gourmand de la Caserne Mellinet – Nantes.
Pour le moment c’est suffisant, mais l’idée pour l’avenir de Madame Granola, c’est de garder cette partie événements / vente en ligne et de développer en parallèle une activité liée au bien-être, à travers des soins du visage. C’est une belle complémentarité.
Demain, avec Madame Granola, nous vous accompagnons sur :
- l’alimentation,
- la partie soin de la peau/du visage.
Actuellement nous sommes également en rénovation au sein de mon lieu d’habitation à Pornic. Nous allons ouvrir une chambre d’hôtes l’été. Le reste de l’année, j’y installe mon cabinet pour proposer ces soins du visage, des consultations en nutrition/diététique et toujours mes Granolas, à l’occasion de brunchs estivaux notamment.
Suite à ton expérience, quels conseils peux-tu donner aux femmes qui veulent se lancer comme toi dans des projets de ce type ?
La première chose qui est primordiale pour moi, c’est d’être très bien entourée et accompagnée quand on se lance. Pour ma part, j’ai eu la chance d’avoir le soutien et l’aide de mon conjoint, Charles, qui a été un vrai partenaire dans ce projet. Il faut bien garder son idée en tête, même si elle peut évoluer sur le chemin, rester focus sur son objectif, en mettant de côté les peurs et les croyances limitantes.
Et si c’était à refaire, je prendrais plus de temps pour me faire conseiller dans le choix du statut de mon entreprise. Je trouve que je n’ai pas été suffisamment accompagnée sur ce sujet, ô combien important quand on lance son activité.