Lorsqu’une amie journaliste m’a proposé de témoigner pour un magazine féministe belge (Axelle, le Causette Belge) sur la thématique « Belle-mère épanouie », je me suis dit que cela pouvait faire un super article de blog, surtout pour une femme qui ne souhaite pas avoir d’enfant !
Si vous avez déjà lu mes articles sur mon choix de ne pas vouloir être mère et celui sur la ligature des trompes avant 40 ans, vous savez que depuis toujours je ne veux pas d’enfant.
Pour autant, lorsque j’ai commencé à avoir des relations sérieuses avec des garçons, je ne me suis jamais dit : « il ne faut pas que je trouve un mec avec des enfants ou qui veuille en avoir ». Sinon je pense que je serais encore célibataire !! Et surtout, je crois beaucoup au destin. Aussi, il aurait été trop dommage de se priver de belles histoires d’amour, juste parce qu’il y avait des enfants. Inconsciemment par contre, avec le recul, je me dis que je suis plutôt allée vers des histoires avec des hommes plus âgés que moi. Déjà pères, ils ne souhaitaient donc plus en avoir.
Pour ceux de mon âge, c’était plus délicat puisque beaucoup auraient souhaité en avoir un jour ou l’autre. Il aurait donc fallu faire un choix difficile au moment où l’envie d’en avoir serait arrivée.
Ma première expérience de belle-maman est arrivée lorsque j’ai été avec mon ex-conjoint, de 19 ans de plus que moi. Il avait un fils qui vivait avec sa maman et nous l’avions quelques week-ends dans l’année. A l’époque, j’avais moins de 30 ans et pour moi, son fils était finalement comme un enfant que nous avions en garde occasionnellement et qu’il fallait occuper. C’était facile d’organiser des sorties, des jeux et des activités sur deux jours.
Lorsque je suis tombée amoureuse d’Antony et que nous avons décidé que je viendrais m’installer chez lui, j’ai compris que le challenge allait être beaucoup plus délicat. La femme active et très indépendante que je suis allait-elle réussir à accepter de devenir une belle-mère 1 semaine sur 2 ?? Comment trouver sa place dans une famille qui n’est pas sienne ? Surtout que j’arrivais avec mes sacs et mon lapin dans une maison où des souvenirs, des moments de vie à 4 très forts émotionnellement avaient été vécus. Même les meubles et les photos étaient encore présents.
C’était sincèrement très délicat à vivre. Il m’aura fallu du temps pour apprivoiser cet environnement et finalement trouver ma place.
Devenir belle-mère par amour, cela implique des concessions et beaucoup de communication
La première étape pour devenir une belle-mère épanouie selon moi est de reconnaître et d’accepter les complexités de votre nouveau rôle. En acceptant de prendre cette « place » au sein du cocon familial, il faut avoir conscience que des concessions seront indispensables. Mais n’est-ce pas une belle preuve d’amour que de relever ce défi ?
En tout cas, croyez-moi, cela en vaut la peine. Mais restons lucide, ce n’est pas facile, je dois l’avouer. Et pour moi il faut savoir faire preuve de patience, d’humilité et d’honnêteté.
Pourquoi ces qualités ?
Tout d’abord parce qu’avant votre arrivée, les enfants étaient déjà là 🙂 Et demain si le papa vous quitte, eux seront toujours avec lui. Si vous l’aimez, à vous de vous adapter et non pas le contraire.
Ne cherchez pas à séparer le père de sa progéniture. Ce serait lui faire beaucoup de mal. J’ai vu trop de situations où certains hommes n’en pouvaient plus de se sentir écartelés entre leur envie de voir leurs enfants d’un côté, et de passer du temps avec leur nouvelle compagne de l’autre.
Pour cela, la communication est primordiale dans votre couple.
Et il y aura souvent des situations qui seront délicates à vos yeux :
- La première, c’est la semaine où les enfants sont là. Vous le verrez, votre chéri reprend son rôle de papa. Il sera donc inconsciemment moins disponible pour vous.
- Il faut donc apprendre à composer avec cette partie de lui.
- La seconde, c’est qu’il y aura souvent des moments où vous ne serez pas toujours d’accord avec les décisions et les actions prises par rapport à ses enfants. L’éducation que vous avez reçu peut différer de celle qu’il transmet à ses enfants.
- Malgré tout, ce sont ses soucis de parent, pas les vôtres. Apprenez donc à laisser couler.
- La dernière c’est que les enfants et votre mari sont forcément liés avec une ex-conjointe. Sur le chemin de ce quotidien à construire, je vous souhaite que les liens soient apaisés. C’est plus simple et plus facilitant, je l’accorde.
Mes 3 conseils pour une intégration réussie au sein de la nouvelle famille
Il est bien difficile d’établir un portrait type de la belle-mère « idéale ». Chaque histoire a ses particularités voire ses difficultés, ses excès aussi.
Cependant, il est possible d’établir selon moi des relations saines et harmonieuses, à condition de suivre ces quelques conseils.
1. Etablir des règles de vie
C’est une phase très importante à faire avec votre partenaire pour que l’ensemble de la famille s’y retrouve. Car lorsqu’un papa vit seul avec ses enfants (je sais de quoi je parle 😉) il prend forcément des habitudes qui ne vous conviendront pas !
En effet, j’ai déjà remarqué que lorsqu’un parent n’a pas refait sa vie, il a tendance à vivre avec ses enfants comme si il n’y avait que des adultes dans la maison. Or, la place des enfants n’est pas la même que celle d’un adulte. Ce ne sont pas aux enfants de décider quoi manger, quelle voiture louer en vacances etc… ! Autre exemple également, le parent célibataire a tendance à ne pas donner assez d’autonomie à ses enfants. Il est selon moi en mode « papa ou maman poule ». Il est donc important très rapidement d’oser en parler si vous remarquez cela ou si cela vous dérange afin que le parent s’en rende compte et change petit à petit quelques règles de vie.
Chez nous par exemple, quand ils sont à la maison, les garçons se doivent de respecter nos règles. Attention cependant, règles de vie ne veut pas dire gérer l’éducation des enfants. Pour moi, il ne faut surtout pas tenter d’aller sur cette voie. Il existe déjà aux yeux des enfants un « couple parental », même si le couple conjugal s’est brisé.
Votre place dépend surtout de deux facteurs :
- De la place que vous donne l’homme auprès des enfants : simple aide auprès du père pour faire respecter les rituels déjà mis en place ou bien implication plus ou moins importante dans la vie des enfants.
- Mais aussi de votre désir personnel d’occuper ou non une fonction maternelle “complémentaire » de celle de la mère biologique et légale des enfants.
Perso, autant je suis impliquée dans leur vie, je vais les chercher si leur père ou leur mère ne sont pas disponibles et il m’arrivait même de les garder toute seule de temps en temps ou de faire leurs devoirs, autant je n’ai jamais voulu prendre de quelque manière la place de leur mère.
2. Se réserver des moments privilégiés à deux, et seule
Lorsque vous n’êtes que tous les deux pendant une semaine, il est essentiel de retrouver votre « bulle » et vos moments de couple. Profitez-en pour sortir, vous faire une soirée au cinéma, sortez boire un verre avec des amis, faites-vous un dîner aux chandelles, surprenez-le avec des attentions délicates… Ces moments sont primordiaux pour que la venue des enfants soit plus douce.
Si vous vous laissez absorber par votre travail et que vous n’arrivez pas à mettre en place ces espaces d’aération, la pression des enfants risque vite de vous lasser et de vous épuiser.
Quand on devient belle-mère et que l’on n’a soi-même pas d’enfant, notre manque d’expérience nous est constamment renvoyée à la figure. Les enfants parfois ne s’en aperçoivent même pas mais il n’est pas rare d’entendre que leur mère fait tel type de plat où tel type de choses.
Les papas ne se rendent parfois pas assez compte qu’au départ, nous n’avons pas forcément envie de passer la plupart de nos week-ends avec leurs enfants, que cela prend trop d’espace dans notre vie ou que cela nous demande trop d’investissement personnel, d’énergie.
Dans ce cas, je vous recommande vivement de conserver des moments et des sorties seule. Ce sera peut être difficile à comprendre au départ pour votre conjoint mais à vous de lui expliquer que vous avez besoin de cela pour mieux revenir ensuite vers lui et ses enfants. Personnellement, cela m’arrive souvent pendant des grandes vacances ou lorsqu’ils sont là pendant une semaine complète.
3. Proposer aux enfants de nouveaux chemins
Il ne s’agit pas de se mettre en retrait ou de ne pas s’impliquer auprès des enfants, mais de définir une place, un rôle qui serait pleinement le votre, sans avoir à rogner sur vos aspirations.
Perso, ni mère, ni copine, j’ai voulu être pour eux une interlocutrice différente. J’aime par exemple être la personne qu’ils vont savoir appeler lorsqu’ils ont besoin d’un conseil sur un logiciel de communication ou être celle qui va les emmener sur des terrains où leurs parents n’iraient pas !
J’adore par exemple pratiquer le surf ou le snowboard avec le plus jeune de mes beaux-fils et avec le plus vieux nous partageons la passion pour les jolies voitures ou la moto.
Aujourd’hui, après 7 années de vie passées avec eux, je suis heureuse de voir que toutes ses règles se sont bien installées dans le temps et que nous avons réussi à nous respecter et vivre ensemble, presque comme une « famille normale » 🙂
J’espère que cet article vous aura permis de voir qu’il est possible de ne pas vouloir d’enfant mais, malgré tout, partager un quotidien avec des jeunes qui ne viennent pas de votre « chair ». Eh oui, il est possible d’avoir énormément d’affection pour eux, même si c’est un sentiment étrange car différent forcément de l’amour que l’on ressent pour le papa.
N’hésitez pas à me partager vos témoignages de vie en famille recomposée également ! J’aime toujours beaucoup vous lire.
Prenez soin de vous et à bientôt !
Bonjour Claudie,
Je viens de regarder votre témoignage dans l’émission « La maison des Maternelles » et je me reconnais tellement en vous. Tout comme vous, j’adore les enfants. Étant plus jeune, j’en ai souvent gardé, je sais ce que c’est un enfant. C’est un choix, que j’ai fait de ne pas en avoir et jamais je n’ai regretté ce choix. Ce qui est triste c’est les gens qui ne comprennent pas le choix que l’on a fait. On est jugée comme étant égoïste, ce qui n’a pourtant rien à voir.
Ce qui est triste, c’est de se faire dire par des personnes qui ont pris le choix d’avoir des enfant, que si c’était à recommencer, elles n’en auraient pas…
Bonsoir Jackie,
Merci beaucoup pour votre commentaire !! Eh oui vous avez tout à fait raison, celles et ceux qui nous traitent d’egoiste semblent souvent plus jaloux de notre choix assumé qu’autre chose 😉
Je vous embrasse.
Bonjour Claudie,
Je viens de voir votre témoignage.
Je me reconnais totalement et c’est assez drôle que je tombe dessus maintenant car le mois prochain j’ai mon rendez-vous pré-opératoire pour me faire ligaturer les trompes.
Pour ma part, pas de parcours du combattant. Je me trouve chanceuse.
Pour la petite histoire, j’ai 33 ans et ça fait plus de 10 ans que je réfléchis à ligature, car depuis toujours je SAIS que je ne veux pas être mère. Plus jeune, ma doctoresse m’avait dit qu’il faudrait que j’attende un moment pour le faire. Cette année j’ai décidé de sauter le pas, mon conjoint refusant la vasectomie… Marre des contraceptifs, rien ne me convient même s’il en existe pléthore. Je ne veux plus d’hormones et surtout je veux une solution efficace, sûre et définitive!
Mon non désir d’enfant, je le ressens au plus profond de moi, dans mes tripes, alors que j’adore les enfants. D’ailleurs, je suis enseignante en primaire, alors ma vie tourne un peu autour des enfants haha
J’en ai aussi vraiment marre de la pression sociale… Tout autour de nous, nos amis de tous âges ont eu des enfants, c’est à croire qu’ils se sont passés le mots (effet post-confinement?) et chaque fois on a droit à la question « et vous c’est pour quand? ». Et évidemment quand on dit qu’on n’en veut pas, on a droit à « Mais vous allez changer d’avis ou le regretter ». C’est fou ce besoin qu’ont les gens que vous fassiez comme eux… A force, je réponds qu’on ne dit pas à de jeunes parents qu’ils vont le regrette ou que mon utérus n’est pas la propriété commune de tous ?
On est mieux lotis côté famille, ils se sont fait une raison, ma famille depuis longtemps car j’ai toujours dit que je ne voulais pas d’enfants.
Revenons-en à mon parcours, si ça peut en rassurer certaines.
En février j’ai parlé à ma gynéco de mon envie de me faire ligaturer les trompes. Elle m’a prévenue que ce serait sûrement compliqué à mon âge et en n’ayant jamais eu d’enfants.
J’ai pris rdv dans la foulée avec un chirurgien gynécologue qui a accepté de me ligaturer les trompes à condition que je passe une évaluation psy.
J’ai consulté un psy, le rendez vous s’est très bien passé et j’ai mon précieux sésame (certificat attestant que je ne suis pas déséquilibrée) pour la ligature youhou!!! Rdv en juin pour la suite, j’ai hâte d’être libérée !!!!!!!
J’en ai très peu parlé autour de moi, marre de me justifier.
Je voulais témoigner pour dire que c’est possible, même « jeune »! Si vous êtes certaines de votre choix, mesdames, foncez!
Bonjour Océane !!
Navrée pour le retard de ma réponse mais j’ai eu un bug wordpress ! Un énorme merci pour votre témoignage ! Comment s’est déroulé votre opération ? Je suis tellement contente de voir qu’on est de plus en plus nombreuses à oser s’affranchir des qu’en dira t’on pour écouter notre corps et nos envies ! Bravo pour cela et beaucoup de bonheur pour vous !!!