Il a beau ĂȘtre plus petit que ses voisins, le Laos et le Vietnam, le Cambodge possĂšde tout de mĂȘme de nombreuses choses Ă explorer, fortes Ă©motionnellement. Des temples d’Angkor Ă la prison de Phnom Penh, en passant par l’association « Pour un sourire d’enfant », 15 jours ne sont pas de trop pour apprĂ©hender, comprendre et apprĂ©cier toute son histoire. PlutĂŽt que vous proposer un carnet de voyage classique, j’ai cette fois prĂ©fĂ©rĂ© vous partager mes 5 visites coups de coeur, qui m’ont Ă©mues pendant ce pĂ©riple.
Suivez le guide !
1. Les temples d’Angkor, dans les pas de Lara Croft – Siem Reap
ArrivĂ©s par la frontiĂšre terrestre au nord du pays, nous avons directement pris la route vers Siem Reap afin de visiter les temples d’Angkor qui font la renommĂ©e du Cambodge. Il faut dire qu’il est difficile de ne pas ĂȘtre touchĂ© par ces sites archĂ©ologiques.
Angkor est immense (Ă©tendu sur plus de 400 kmÂČ de superficie) et regroupe de nombreux vestiges de diffĂ©rentes capitales de lâempire Khmer, florissant du IXe au XVe siĂšcle.
Son emplacement, au beau milieu dâune forĂȘt majestueuse, et la beautĂ© des sites archĂ©ologiques, incroyablement bien conservĂ©s laissent bouche bĂ©e. Pas Ă©tonnant que ces temples aient inspirĂ© les rĂ©alisateurs de films. On se prend vite pour un aventurier lorsque l’on pĂ©nĂštre Ă l’intĂ©rieur de ces monuments en pierre.
Depuis 1992, ce vaste complexe historique a Ă©tĂ© classĂ© au patrimoine mondial de lâUNESCO. Dans le but de le protĂ©ger des pillards, l’organisme international a lancĂ© le programme de conservation dâAngkor. En 1993, il a Ă©galement dĂ©cidĂ© de transfĂ©rer plusieurs vestiges du site au musĂ©e national de Phnom Penh.
Combien de jours prévoir à Siem Reap ?
Si vous souhaitez prendre le temps, cinq jours ne seront pas de trop dans la ville.
Nous avons trouvĂ© une guesthouse tout Ă fait raisonnable au niveau rapport qualitĂ©/prix, Sweetdreams guesthouse. Le petit plus non nĂ©gligeable : la piscine pour se rafraichir ! Comme d’habitude, Ă proximitĂ©, nous avons trouvĂ© deux petites « cantines » pour manger des plats savoureux : Helen CafĂ© et Lao Noodles.
Pour vous rendre aux temples Angkor situĂ©s Ă 7 kms environ, deux possiblitĂ©s. Si vous ĂȘtes en couple, vous pouvez louer un scooter. Mais le plus simple pour ne pas perdre de temps en allant de site en site, c’est de rĂ©server un chauffeur de tuk-tuk Ă la journĂ©e. Comptez une trentaine d’euros pour vous offrir ses services (pour trois personnes). Depuis l’hĂŽtel, il vous emmĂšne lĂ oĂč vous souhaitez, et il connaĂźt les diffĂ©rentes entrĂ©es par coeur. Nous avions Nak et je le recommande chaudement. Il est trĂšs charmant et travaille pour nourrir et Ă©lever sa petite famille. Voici son numĂ©ro What’s app : +855 11 643 339. Il est rĂ©guliĂšrement devant l’hĂŽtel que j’ai conseillĂ© plus haut.
Avant de faire les visites, vous devez acheter vos pass. Il existe différentes formules et le plus simple est de le faire directement sur internet. Nous avons choisi de prendre le pass 3 jours (2 jours + 1 gratuit) à 62 euros / pers. Il est parfait je trouve. Valable 10 jours au total, vous pouvez ainsi prendre le temps et ne pas enchaßner les visites.
Quels temples visiter ?
La premiÚre journée, nous avons démarré par Bayon, le temple aux plus de 200 visages.
SituĂ© au cĆur dâAngkor, au nord dâAngkor Wat, c’est un temple bouddhiste trĂšs connu Ă travers ses grandes sculptures de visages de bouddha. SculptĂ©es sur des piliers Ă quatre cĂŽtĂ©s, ces tĂȘtes forcent le respect et la contemplation. Aujourdâhui, le temple ne compte que 37 piliers visibles et debouts.
Direction ensuite le site de Ta Prohm, devenu célÚbre par le film Tomb Raider avec Angelina Jolie.
Attention, si vous souhaitez dĂ©jeuner entre les sites, Ă©vitez les restaurants aux abords de Ta Prohm, attrape-touristes et mauvais. PrĂ©voyez plutĂŽt un pique-nique ou demandez au chauffeur de vous emmener Ă l’entrĂ©e d’Angkor Wat oĂč il y a des restaurants meilleurs marchĂ©s.
Envahi par la vĂ©gĂ©tation, Ta Prohm est un ancien monastĂšre ayant accueilli le tournage du film Tomb Raider. On y trouve des arbres centenaires appelĂ©s « Tetrameles nudiflora » dont les racines sont littĂ©ralement entrelacĂ©es entre les pierres au-dessus des temples. Elles sont si impressionnantes que l’on dirait presque qu’elles ne sont pas naturelles. Leur taille et la maniĂšre dont elles sont imbriquĂ©es dans le site donnent une atmosphĂšre saisissante au lieu. Il y rĂšgne une ambiance trĂšs mystĂ©rieuse.
Pour la fin de journée, nous nous dirigeons vers les deux sites Neak Pean et Preah Khan.
Neak Pean, petit temple bouddhique, fut construit et modifié par le roi khmer Jayavarman VII à la fin du XIIe siÚcle. Il est de proportions réguliÚres, avec un bassin carré entouré de quatre bassins plus petits. Il servait aux rites de purification.
Preah Khan, quant Ă lui, Ă©tait le centre de diffusion de la culture khmĂšre. ErigĂ© par Jayavarman VII en l’honneur de son pĂšre, le site Ă©tait une universitĂ© bouddhique. Durant lâĂąge dâor de lâempire angkorien, il accueillait plus de 1 000 professeurs.
Avant de rentrer Ă la guesthouse, nous avons fait un dernier stop pour admirer le coucher de soleil au-dessus du site de Phnom Bakheng.
Le lendemain matin, nous nous sommes levĂ©s Ă l’aube pour aller admirer le lever de soleil sur Angkor Wat. Et cela vaut la peine.
Avec une longueur totale de 1 500 m et une largeur de 1 300 m, Angkor Wat est le plus grand monument religieux au monde. Son volume de pierres est Ă©gal Ă celui de la trĂšs cĂ©lĂšbre pyramide de KhĂ©ops, en Ăgypte. Pour poursuivre la comparaison, sa construction a durĂ© 30 ans, contre 20 ans pour KhĂ©ops, 3000 ans auparavantâŠ
Dans un Ă©tat de conservation admirable (c’est le temple le mieux conservĂ© d’Angkor), il a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ© au 12e siĂšcle par le roi Suryavarman II. Chaque recoin du lieu est couvert par des sculptures reprĂ©sentant des Dieux, des hommes et des animaux dont la plupart marquent lâhistoire et la culture khmĂšre.
Cet endroit Ă©tait Ă lâorigine un temple hindou, avant d’ĂȘtre converti au culte bouddhiste vers le 14e siĂšcle. Aujourdâhui, il est encore frĂ©quentĂ© par des moines bouddhistes.
Si vous souhaitez Ă©viter un peu la foule, je vous recommande d’entrer dans le temple et de prendre Ă gauche sur un des cĂŽtĂ©s du temple.Â
La vue est magnifique (voir ci-dessous) et peu de monde s’y aventure. Nous avons pris le temps d’admirer cette facade en prenant notre petit dĂ©jeuner. Un vrai bonheur.
AprĂšs le dĂ©jeuner, nous sommes partis pour Banteay Kdei.Â
Récemment restauré, le petit temple de Banteay Srei est construit en 967 pour honorer la divinité Shiva. Il est un joli mélange du temple Bayon et de Ta Prohm.
Vous retrouverez en effet Ă l’entrĂ©e du temple des sculptures en relief. Ensuite, pendant la visite du monument, vous pourrez retrouver les arbres gigantesques dont les racines prennent place entre les pierres.
S’il vous reste du temps avant de rentrer Ă l’hĂŽtel, vous pouvez demander au chauffeur de vous arrĂȘter au jardin botanique de Siem Reap. Il est gratuit et bucolique. La balade y est agrĂ©able et on peut y trouver certaines plantes endĂ©miques.
2. APOPO VISITOR CENTER – Siem Reap
Pour rester dans la rĂ©gion de Siem Reap, j’ai souhaitĂ© vous partager cette visite qui m’a touchĂ©e. Pendant notre voyage, j’avais l’envie de pouvoir rencontrer ou dĂ©couvrir des personnes et des histoires inspirantes. APOPO en est un parfait exemple.
APOPO, acronyme de « Anti-Persoonsmijnen Ontmijnende Product Ontwikkeling » (en français : DĂ©veloppement d’un produit de dĂ©tection anti-mines terrestres) est une organisation non gouvernementale belge qui forme depuis prĂšs de 30 ans une espĂšce de rats de Gambie, les « cricĂ©tomes des savanes » pour leur apprendre Ă dĂ©tecter des mines terrestres ou la tuberculose. L’organisation travaille surtout en Afrique (Angola, Mozambique, Tanzanie), en Asie (ThaĂŻlande et Cambodge) et en AmĂ©rique du Sud (Colombie).
Bart Weetjens, le fondateur d’APOPO, possĂ©dait dĂ©jĂ des rats domestiquĂ©s quand il Ă©tait enfant et a naturellement Ă©tabli un lien particulier avec ces rongeurs. Quelques annĂ©es plus tard, il s’est intĂ©ressĂ© Ă l’Afrique, oĂč il a voyagĂ© Ă plusieurs reprises alors qu’il Ă©tait Ă©tudiant. Face aux faibles moyens des agriculteurs, il a eu l’idĂ©e d’utiliser des rongeurs pour dĂ©tecter des mines anti-personnel. La direction gĂ©nĂ©rale de la coopĂ©ration internationale (DGIS) de Belgique l’a accompagnĂ© financiĂšrement en 1997. Un an aprĂšs, APOPO a Ă©tĂ© enregistrĂ©e comme organisation Ă but non lucratif en Belgique.
En 2003, APOPO a entamĂ© ses opĂ©rations au Mozambique. La mĂȘme annĂ©e, l’association a remportĂ© le concours mondial Development Marketplace de la Banque mondiale, ce qui lui a permis d’obtenir un premier financement pour tenter une autre application du flair des rats, Ă savoir la dĂ©tection de la tuberculose.
Pourquoi APOPO est arrivé au Cambodge ?
La rĂ©gion la plus fortement contaminĂ©e par les mines anti-personnel se situe Ă proximitĂ© de la frontiĂšre avec la ThaĂŻlande. Ces mines ont Ă©tĂ© posĂ©es par le gouvernement cambodgien dans le milieu des annĂ©es 80 afin de bloquer le passage d’insurgĂ©s.
Selon une Ă©tude du Landmine Impact Survey (LIS) de 2002, la survie de prĂšs de la moitiĂ© des communautĂ©s du pays Ă©tait entravĂ©e par la prĂ©sence de mines, les empĂȘchant d’accĂ©der Ă la terre, aux routes et Ă l’eau. Le Cambodge est l’un des pays ayant le nombre de dĂ©cĂšs le plus Ă©levĂ© dus aux mines anti-personnel.
En 2012, APOPO a nouĂ© un partenariat avec le Cambodian Mine Action Center (CMAC) afin d’entamer le dĂ©minage du pays et ainsi favoriser sa reconstruction et son dĂ©veloppement.
Entre 2014 et 2016, les activités de déminages humanitaires se sont parfaitement déroulées et un groupe de HeroRATS ont pu faire un travail opérationnel dans les champs de mines pour aider les gens à retourner sur leurs terres.
C’est dans ce contexte que le visitor center de Siem Reap a ouvert ses portes en 2017.    Il a pour objectif de prĂ©senter le dĂ©minage humanitaire et l’action unique d’APOPO.
Aujourd’hui l’ONG poursuit toujours ces actions dans de nombreux pays du monde et continue la recherche et le dĂ©veloppement pour dĂ©tecter de nouvelles maladies.
J’ai vraiment apprĂ©ciĂ© la prĂ©sentation du centre qui est trĂšs bien faite et dont le tarif (8 euros par pers), reste trĂšs honnĂȘte. En plus, c’est pour une noble cause.
Si cela vous intĂ©resse, l’APOPO Visitor Center est ouvert tous les jours de 8h30 Ă 17h00 (derniĂšre visite Ă 16h30). Je vous conseille de rĂ©server Ă l’avance en leur envoyant un e-mail Ă visitor.center@apopo.org.
3. « La Plantation » Ă Kampot, un superbe projet d’agrotourisme
En nous dirigeant plus au sud du Cambodge, nous avons passé plusieurs jours dans la ville de Kampot.
Ce nom vous dit vaguement quelque chose ? C’est normal ! La ville est connue pour produire l’un des meilleurs poivre du monde.
Il existe en effet un grand nombre de poivres et de baies sur notre planĂšte. Mais certains sont rĂ©putĂ©s pour ĂȘtre les meilleurs du monde. Parmi eux on trouve :
– Le Voatsiperifery cultivĂ© de maniĂšre sauvage Ă Madagascar.
– Les baies de Sichuan qui viennent de Chine.
– Le poivre de Penja, un poivre d’exception qui vient tout droit du Cameroun.
– Le poivre de Kampot. Ce poivre bĂ©nĂ©ficie d’une Indication GĂ©ographique ProtĂ©gĂ©e (IGP) depuis 2009. On peut le trouver dans sa version noire, blanche, rouge ou vert. ll est cultivĂ© dans les provinces de Kampot et de Kep au sud-ouest Cambodge. Il dĂ©veloppe des notes fruitĂ©es et mentholĂ©es. Son niveau de piquant est moyen.
Cette Ă©pice aime les terres fertiles dans les climats chauds et humides. Pas Ă©tonnant donc que l’on puisse le trouver ici.
Comme mon chĂ©ri est fan de poivre, nous Ă©tions curieux de dĂ©couvrir la maniĂšre dont il est produit. C’est ainsi qu’en recherchant sur le net, nous avons trouvĂ© le site de la Plantation. Et lĂ encore, nous avons vraiment Ă©tĂ© touchĂ©s par le projet de Guy et Nathalie qui, en arrivant au Cambodge pour la premiĂšre fois en 2013, sont tombĂ©s sous le charme et ont créé un projet pour le dĂ©veloppement du pays et de sa communautĂ© rurale.
Ils ont alors transformĂ© un site en friche Ă une vingtaine de kilomĂštres de Kampot en un centre dâagrotourisme qui repose sur un socle de valeurs sociales, responsables et durables.
Les trois premiĂšres annĂ©es ont Ă©tĂ© consacrĂ©es Ă la mise en place de la plantation de poivre de Kampot et aux ateliers de transformation des Ă©pices. Un site de production complet permet directement de traiter et d’emballer les Ă©pices aprĂšs leur rĂ©colte. Un gage de prĂ©servation des arĂŽmes et de respect des standards internationaux en termes dâhygiĂšne et de sĂ©curitĂ© alimentaire.
A partir de 2016, ils ont souhaité ouvrir La Plantation aux visites, pour faire découvrir toutes les étapes manuelles de la sélection des meilleurs grains du poivre de Kampot.
En 2017, ils ont lancĂ© un produit exclusif, le poivre de Kampot au sel. Il s’agit d’une technique unique pour conserver le goĂ»t et la texture croquante du poivre de Kampot vert frais, en le conservant avec du sel de Kampot.
La mĂȘme annĂ©e, ils ont Ă©galement lancĂ© un programme de sauvegarde du patrimoine architectural khmer. Cela a dĂ©marrĂ© avec lâinstallation du Salachan, un ancien rĂ©fectoire d’une pagode, qu’ils ont entiĂšrement dĂ©montĂ© et rĂ©installĂ© Ă La Plantation.
Ensuite, pour Ă©largir leur gamme d’Ă©pices de qualitĂ© proposĂ©es Ă leurs clients, ils sont allĂ©s Ă la recherche des meilleures Ă©pices du Cambodge, avec un rĂ©seau de plus de 50 petites fermes familiales qui cultivent des Ă©pices aux standards « commerce Ă©quitable ».
Aujourd’hui, la Plantation est devenue le plus gros employeur de la rĂ©gion. Elle salarie plus de 150 personnes Ă temps plein et pendant la rĂ©colte qui dure environ 5 mois, elle emploie entre 100 et 150 personnes supplĂ©mentaires pour collecter les grappes et sĂ©lectionner les grains manuellement.
Grùce à elle, les villageois de la région peuvent recevoir un salaire chaque mois et bénéficier de trois repas par jour.
Certains ont aussi un logement sur place, une couverture médicale, un plan retraite. Ils peuvent suivre également des formations pour faire évoluer leurs compétences.
Au total, ce sont prÚs de 1000 personnes (employés et leurs familles) qui ont de bonnes conditions de vie.
Surtout que sur le plan de l’Ă©ducation, Guy et Nathalie ont Ă©galement souhaitĂ© soutenir lâĂ©cole primaire du village. Ils ont créé une association qui a pour premier objectif de favoriser lâaccĂšs Ă lâenseignement primaire Ă tous les enfants du village situĂ© Ă proximitĂ© de la Plantation.
Ils veillent donc Ă l’entretien des installations scolaires, fournissent aux enfants des bicyclettes, des fournitures scolaires… Ils payent Ă©galement les salaires des enseignants.
Leur dĂ©fi est aussi de rĂ©ussir Ă offrir Ă ces enfants de la campagne, lâopportunitĂ© dâĂ©tudier dans le secondaire jusquâĂ lâuniversitĂ© afin qu’ils deviennent ensuite de futurs adultes autonomes et responsables.
Autant d’actions qui forcent le respect et l’admiration. Pas Ă©tonnant qu’ils aient reçu le prix Best of Excellence au salon Gourmet SĂ©lection. Ce prix valorise la qualitĂ© exceptionnelle de leurs produits, mais aussi leur engagement Ă©thique pour la production et le commerce Ă©quitable des meilleures Ă©pices du Cambodge.
AprÚs cette visite, vous pouvez également découvrir dans la région, la ville de Kep et son célÚbre marché au crabe, visiter des marais salants et passer une journée en scooter dans le parc Bokor.
Pour les hébergements sur Kampot, je recommande le Monkey republic et le White Pigeon.
4. « Pour un sourire d’enfant », l’Ă©mouvante histoire d’une association nĂ©e Ă Phnom Penh
AprĂšs Kampot, place Ă une autre trĂšs belle histoire, sur Phnom Penh, celle de « Pour un sourire d’enfant » (PSE).
Nous en avions entendu parler en France. Mon chĂ©ri avait eu l’occasion d’interviewer ses fondateurs et il souhaitait dĂ©couvrir leur travail sur place, au Cambodge.
Et le moins que l’on puisse dire, c’est que du travail, il en ont fait. En plus de 25 annĂ©es d’existence, PSE a dĂ©jĂ sauvĂ© 12 000 enfants de la misĂšre ! Et lorsque l’on visite l’Ă©tablissement, on ne peut qu’avoir les larmes aux yeux devant tant de dĂ©termination pour offrir un avenir Ă ces jeunes cambodgiens.
Je n’ai pas de photo car elles ne sont pas autorisĂ©es dans l’Ă©cole mais je vous encourage Ă aller dĂ©couvrir leurs rĂ©seaux sociaux.
L’histoire de « Pour un Sourire d’Enfant »
En 1995, le Cambodge sort à peine de 25 années de guerre, dont quatre passées sous la dictature des Khmers rouges (je vous en parle dans le dernier point). Le pays est dévasté.
Il nâexiste plus aucun repĂšre, plus aucune structure. Les pauvres vivent dans une trĂšs grande misĂšre Ă la fois matĂ©rielle, physique et morale.
Et les enfants en sont les premiĂšres victimes : leur avenir se limite aux dĂ©charges ou Ă lâerrance dans les rues avec tous ses dangers.
Christian et Marie-France des PalliĂšres, les fondateurs, sont alors de jeunes retraitĂ©s en mission humanitaire Ă Phnom Penh. Quand ils dĂ©couvrent une dĂ©charge Ă ciel ouvert oĂč vivent et travaillent des centaines dâenfants, ils sont sous le choc et dĂ©cident immĂ©diatement de « faire quelque chose » pour rĂ©pondre Ă la demande, simple, des enfants : un repas par jour et aller Ă lâĂ©cole.
Christian et Marie-France commencent la distribution de quelques repas sur la dĂ©charge pour les enfants affamĂ©s mais, rapidement dĂ©passĂ©s par la situation, ils se rendent en France fin 1995 pour alerter leur famille et leurs amis qui, face Ă l’urgence, se mobilisent.
A leur retour au Cambodge, ils montent un programme de distribution de repas et de premiers soins, directement sur la décharge dans une petite paillote.
Le couple souhaite ensuite scolariser ces enfants mais la dĂ©tresse des parents est tel que, pour qu’ils acceptent, il faut leur donner le manque Ă gagner de leurs enfants sous forme de distribution de riz.
Ils construisent ainsi une petite Ă©cole prĂšs de la dĂ©charge qui accueille d’abord 10 enfants, puis 40, puis 100… Et 250 lors de la rentrĂ©e de 1997 !
Quelques annĂ©es plus tard, Christian et Marie-France des PalliĂšres se rendent compte que l’Ă©cole primaire et secondaire ne suffisent pas. Certains jeunes – mĂȘme avec le Brevet en poche – ne trouvent pas de travail et retournent sur la dĂ©charge.
Ils crĂ©ent alors un programme de formations professionnelles – ce qui n’existait pas dans le pays – adaptĂ©es aux besoins du marchĂ© de l’emploi cambodgien. MĂ©canique, esthĂ©tique, hĂŽtellerie-restauration et mĂȘme formation aux mĂ©tiers du cinĂ©ma (passion de Christian) sont disponibles.
Aujourd’hui, mĂȘme si Christian est dĂ©cĂ©dĂ©, l’association continue de s’adapter aux besoins des enfants et de leurs familles.
Pour visiter le centre de formation, pensez Ă rĂ©server. Vous pouvez d’ailleurs dĂ©jeuner sur place dans le restauration d’application et vous faire coiffer ou maquiller par les Ă©lĂšves.
Si vous voulez en savoir plus sur cette formidable « arme de destruction de la misĂšre », sachez qu’un documentaire a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©. Il s’intitule « Les pĂ©pites ».
5. Deux lieux de mĂ©moire pour ne pas oublier les horreurs commises par les Khmers rouges – Phnom Penh
On reste sur Phnom Penh mais pour cette fois-ci comprendre une histoire douloureuse et marquante du Cambodge. Rendez-vous au musĂ©e du gĂ©nocide de Tuol Sleng et aux « Killing fields » pour mieux apprĂ©hender cette page d’histoire atroce.
Comprendre lâhistoire des Khmers rouges
Ancien protectorat français, le Cambodge obtient son indĂ©pendance le 9 novembre 1953, Ă la fin de la guerre d’Indochine. Devenu une monarchie constitutionnelle, le pays est alors dirigĂ© par le roi Norodom Sihanouk.
Dans les annĂ©es 1960, le rĂ©gime est en proie Ă de grandes difficultĂ©s. C’est le dĂ©but de la guĂ©rilla marxiste menĂ©e par les Khmers rouges. A partir de 1967, sous le commandement de Saloth Sar, alias Pol Pot, cette opposition se mĂ©tamorphose en une lutte systĂ©matique contre les forces gouvernementales. Par ailleurs, la guerre que les Etats-Unis sont en train de livrer au Vietnam s’Ă©tend au Cambodge, oĂč les troupes amĂ©ricaines viennent dĂ©busquer les forces vietnamiennes qui s’y sont rĂ©fugiĂ©es.
Le 18 mars 1970, les Américains aident le général Lon Nol à prendre le pouvoir. Norodom Sihanouk est destitué et la République est proclamée le 9 octobre.
Le dĂ©part de l’armĂ©e amĂ©ricaine en 1973 prĂ©cipite l’arrivĂ©e des Khmers rouges au pouvoir. Le 17 avril 1975, ils prennent Phnom Penh et instaurent la RĂ©publique dĂ©mocratique du Kampuchea.
DĂšs lors, la dictature menĂ©e par Pol Pot sera caractĂ©risĂ©e par les dĂ©placements massifs de population (Phnom Penh est entiĂšrement vidĂ©e de ses habitants en une journĂ©e), l’Ă©limination de l’Ă©lite intellectuelle, le travail forcĂ©, la famine, la gĂ©nĂ©ralisation de la torture et des exĂ©cutions sommaires.
Entre 1975 et 1979, plus d’un million et demi d’individus pĂ©rissent dans ce chaos. Les chiffres varient de 1,3 jusqu’Ă 2,3 millions de morts, soit 17 Ă 30% de la population cambodgienne d’alors.
Le musée du génocide Tuol Sleng
Le musĂ©e du gĂ©nocide ou S-21, est un musĂ©e situĂ© Ă Phnom Penh, qui traite de ce gĂ©nocide.Â
Il s’agit d’une ancienne prison, S-21, la plus connue des quelques 196 prisons que la dictature khmĂšre rouge avait dissĂ©minĂ©es Ă travers le Cambodge durant les annĂ©es 1970. Elle Ă©tait dirigĂ©e par Kang Kek Ieu, alias « Douch », et elle dĂ©pendait directement des plus hauts dirigeants du rĂ©gime.
Appartenant autrefois au lycĂ©e Tuol Svay Prey, les bĂątiments du grand complexe furent convertis en prison et centre dâinterrogatoire par les Khmers rouges en 1975. Ces derniers le nommĂšrent ensuite la « Prison de sĂ©curitĂ© 21 » ou « S-21 ». Sa reconstruction dĂ©buta donc avec lâinstallation des barbelĂ©s sur chacune des fenĂȘtres du bĂątiment. Les salles de classe furent aussi transformĂ©es en chambres de torture et en cellules pour les prisonniers.
Entre 1975 Ă 1979, prĂšs de 18 000 personnes furent recensĂ©es et emprisonnĂ©es Ă Tuol Sleng. La prison dĂ©tenait entre 1000 Ă 1500 prisonniers, torturĂ©s et tuĂ©s avec les membres de leur famille. Toutefois, les premiĂšres victimes appartenaient au rĂ©gime de Lon Nol qui se composait de soldats, de fonctionnaires, de mĂ©decins, dâĂ©tudiants, etc. Plus tard, les prisonniers arrĂȘtĂ©s et exĂ©cutĂ©s en masse Ă©taient constituĂ©s de politiciens communistes connus ainsi que les membres de leurs familles.
En 1979, lâarmĂ©e vietnamienne redĂ©couvrit la prison et câest ensuite que le gouvernement du Kampuchea le rouvrit en tant que musĂ©e historique. Depuis janvier 1980, Tuol Sleng fut donc rebaptisĂ© musĂ©e du gĂ©nocide khmer.
Le musĂ©e est ouvert tous les jours de 8h Ă 17h00 et pour les Ă©trangers, le prix est Ă 5 dollars, plus 5 dollars pour l’audioguide que je recommande vraiment. Comptez au minimum 2h de visite.
Le musĂ©e de Tuol Sleng expose aujourdâhui toutes sortes de photos et de documents relatant les faits macabres de lâhistoire du Cambodge. Ămes sensibles, sâabstenir. Des scĂšnes de torture, de violence sans retenues, des photos de victimes torturĂ©es, des salles remplies dâinstruments de tortures seront Ă voir.
Le site est composĂ© de quatre bĂątiments principaux nommĂ©s BĂątiment A, B, C et D. Le bĂątiment A est constituĂ© de grandes cellules oĂč lâon a dĂ©couvert les corps des derniĂšres victimes. Le bĂątiment B, quant Ă lui, constitue la galerie oĂč lâon expose les nombreuses photos en noir et blanc. En poursuivant au bĂątiment C, vous verrez dâanciennes cellules oĂč les Khmers rouges plaçaient les prisonniers. Et enfin, le bĂątiment D est la salle oĂč sont exposĂ©s les jambiĂšres et les instruments de torture. Dans ce dernier bĂątiment se trouvent aussi des tableaux montrant des prisonniers torturĂ©s, Ă©touffĂ©s et pendus, peints par lâancien dĂ©tenu Vann Nath.
Killing Fields, situés au village de Choeung Ek
Une fois la visite terminée, vous pouvez ensuite vous rendre aux Killing Fields, situés au village de Choeung Ek.
De 1975 Ă 1979, sous le rĂ©gime des Khmers rouges alors appelĂ© « KampuchĂ©a DĂ©mocratique », Choeung Ek est devenu le lieu principal dâexĂ©cution des prisonniers provenant de la prison de Tuol Sleng S-21.
Il faut savoir que bien avant sa transformation en lieu dâexĂ©cution massive, Choeung Ek Ă©tait un endroit tout Ă fait paisible. Il sâagissait en effet dâun cimetiĂšre pour la communautĂ© chinoise vivant ici, Ă 17 kilomĂštres au Sud-Ouest de Phnom Penh.
Le parc commémoratif de Choeung Ek a été construit autour des fosses communes de plusieurs milliers de victimes, dont la plupart ont été exécutées aprÚs interrogatoire à la prison S-21 de Phnom Penh. La majorité des personnes enterrées à Choeung Ek étaient des Khmers rouges tués lors des purges au sein du régime.
RĂ©guliĂšrement, les os et les vĂȘtements refont surface aprĂšs de fortes pluies en raison du grand nombre de corps encore enterrĂ©s dans des fosses communes peu profondes. Il n’est pas rare de croiser les os ou les dents des victimes Ă©parpillĂ©s Ă la surface lors d’une visite du parc du mĂ©morial.
L’une des choses les plus symbolique et marquante du site, c’est cet arbre aujourd’hui recouvert de bracelets, oĂč les nouveaux nĂ©s Ă©taient exĂ©cutĂ©s.
Pour vous rendre lĂ -bas, je vous conseille de prendre un tuk-tuk et de nĂ©gocier qu’il vous attende pour le retour.
L’entrĂ©e de ce site est Ă©galement autour d’une dizaine d’euros avec l’audio-guide.
Avant de vivre cette journĂ©e toute particuliĂšre, je vous recommande de tĂ©lĂ©charger sur Netflix le film « D’abord ils ont tuĂ© mon pĂšre ».Â
C’est un film amĂ©ricano-cambodgien rĂ©alisĂ© par Angelina Jolie, sorti en 2017. Il s’agit de l’adaptation du roman autobiographique de la militante cambodgienne Loung Ung qui a vĂ©cu pendant la pĂ©riode des Khmers rouges.
Pour terminer sur la capitale avec des visites moins fortes en Ă©motion, je vous recommande de passer prĂšs du Palais Royal, d’aller voir le temple Wat Phnom pour y croiser des grands Calao, des oiseaux impressionnants d’Asie. L’Ăźle de Koh Dach, aussi appelĂ©e l’ « Ăźle de la soie » est trĂšs sympa pour rapporter de jolies Ă©toffes en souvenir et voir comment elles sont fabriquĂ©es.
CĂŽtĂ© logement, je recommande le Sacred Lotus Cafe/Hostel. SituĂ© juste Ă cĂŽtĂ© du Russian Market qui vaut le dĂ©tour, l’hĂŽtel dispose de chambres privĂ©es et de dortoirs. L’ambiance y est trĂšs bohĂšme, avec notamment le rooftop oĂč l’on peut chiller en soirĂ©e. Le restaurant est vegan.
A proximitĂ©, nous avions une cantine oĂč nous allions dĂźner tous les soirs ! Il s’agit du Golden pumpkin. Le rapport qualitĂ©/prix est imbattable et les plats sont absolument dĂ©licieux. Allez-y les yeux fermĂ©s !
J’espĂšre que cet article vous a plu et qu’il vous a donnĂ© envie de dĂ©couvrir ces histoires inspirantes ou Ă©mouvantes. Si vous avez des questions, des remarques ou des commentaires, n’hĂ©sitez pas, je suis Ă votre Ă©coute.
Je vous dit Ă bientĂŽt pour de nouvelles aventures !