Jupette & Salopette | Blog, mode, lifestyle et voyage d'une pipelette en baskets

Facebook | Jupette & Salopette Pinterest | Jupette & Salopette Twitter | Jupette & Salopette Instagram | Jupette & Salopette

Il a beau être plus petit que ses voisins, le Laos et le Vietnam, le Cambodge possède tout de même de nombreuses choses à explorer, fortes émotionnellement. Des temples d’Angkor à la prison de Phnom Penh, en passant par l’association « Pour un sourire d’enfant », 15 jours ne sont pas de trop pour appréhender, comprendre et apprécier toute son histoire. Plutôt que vous proposer un carnet de voyage classique, j’ai cette fois préféré vous partager mes 5 visites coups de coeur, qui m’ont émues pendant ce périple.

Suivez le guide !

1. Les temples d’Angkor, dans les pas de Lara Croft – Siem Reap

Arrivés par la frontière terrestre au nord du pays, nous avons directement pris la route vers Siem Reap afin de visiter les temples d’Angkor qui font la renommée du Cambodge. Il faut dire qu’il est difficile de ne pas être touché par ces sites archéologiques.

Angkor est immense (étendu sur plus de 400 km² de superficie) et regroupe de nombreux vestiges de différentes capitales de l’empire Khmer, florissant du IXe au XVe siècle.
Son emplacement, au beau milieu d’une forêt majestueuse, et la beauté des sites archéologiques, incroyablement bien conservés laissent bouche bée. Pas étonnant que ces temples aient inspiré les réalisateurs de films. On se prend vite pour un aventurier lorsque l’on pénètre à l’intérieur de ces monuments en pierre.

Depuis 1992, ce vaste complexe historique a été classé au patrimoine mondial de l’UNESCO. Dans le but de le protéger des pillards, l’organisme international a lancé le programme de conservation d’Angkor. En 1993, il a également décidé de transférer plusieurs vestiges du site au musée national de Phnom Penh.

Combien de jours prévoir à Siem Reap ?

Si vous souhaitez prendre le temps, cinq jours ne seront pas de trop dans la ville.
Nous avons trouvé une guesthouse tout à fait raisonnable au niveau rapport qualité/prix, Sweetdreams guesthouse. Le petit plus non négligeable : la piscine pour se rafraichir !  Comme d’habitude, à proximité, nous avons trouvé deux petites « cantines » pour manger des plats savoureux : Helen Café et Lao Noodles.

Pour vous rendre aux temples Angkor situés à 7 kms environ, deux possiblités. Si vous êtes en couple, vous pouvez louer un scooter. Mais le plus simple pour ne pas perdre de temps en allant de site en site, c’est de réserver un chauffeur de tuk-tuk à la journée. Comptez une trentaine d’euros pour vous offrir ses services (pour trois personnes). Depuis l’hôtel, il vous emmène là où vous souhaitez, et il connaît les différentes entrées par coeur. Nous avions Nak et je le recommande chaudement. Il est très charmant et travaille pour nourrir et élever sa petite famille. Voici son numéro What’s app : +855 11 643 339. Il est régulièrement devant l’hôtel que j’ai conseillé plus haut.

Avant de faire les visites, vous devez acheter vos pass. Il existe différentes formules et le plus simple est de le faire directement sur internet. Nous avons choisi de prendre le pass 3 jours (2 jours + 1 gratuit) à 62 euros / pers. Il est parfait je trouve. Valable 10 jours au total, vous pouvez ainsi prendre le temps et ne pas enchaîner les visites.

Quels temples visiter ?

La première journée, nous avons démarré par Bayon, le temple aux plus de 200 visages.

Situé au cœur d’Angkor, au nord d’Angkor Wat, c’est un temple bouddhiste très connu à travers ses grandes sculptures de visages de bouddha. Sculptées sur des piliers à quatre côtés, ces têtes forcent le respect et la contemplation. Aujourd’hui, le temple ne compte que 37 piliers visibles et debouts.

Bayon temples Angkor Cambodge | Jupette et Salopette

Direction ensuite le site de Ta Prohm, devenu célèbre par le film Tomb Raider avec Angelina Jolie.

Attention, si vous souhaitez déjeuner entre les sites, évitez les restaurants aux abords de Ta Prohm, attrape-touristes et mauvais. Prévoyez plutôt un pique-nique ou demandez au chauffeur de vous emmener à l’entrée d’Angkor Wat où il y a des restaurants meilleurs marchés.

Ta Prohm Angkor Cambodge | Jupette et Salopette

Envahi par la végétation, Ta Prohm est un ancien monastère ayant accueilli le tournage du film Tomb Raider. On y trouve des arbres centenaires appelés « Tetrameles nudiflora » dont les racines sont littéralement entrelacées entre les pierres au-dessus des temples. Elles sont si impressionnantes que l’on dirait presque qu’elles ne sont pas naturelles. Leur taille et la manière dont elles sont imbriquées dans le site donnent une atmosphère saisissante au lieu. Il y règne une ambiance très mystérieuse.

Pour la fin de journée, nous nous dirigeons vers les deux sites Neak Pean et Preah Khan.

Neak Pean Angkor Cambodge | Jupette et Salopette

Neak Pean, petit temple bouddhique, fut construit et modifié par le roi khmer Jayavarman VII à la fin du XIIe siècle. Il est de proportions régulières, avec un bassin carré entouré de quatre bassins plus petits. Il servait aux rites de purification.

Preah Khan, quant à lui, était le centre de diffusion de la culture khmère. Erigé par Jayavarman VII en l’honneur de son père, le site était une université bouddhique. Durant l’âge d’or de l’empire angkorien, il accueillait plus de 1 000 professeurs.

Avant de rentrer à la guesthouse, nous avons fait un dernier stop pour admirer le coucher de soleil au-dessus du site de Phnom Bakheng.

Vue au coucher du soleil depuis Phnom Bakheng Angkor Cambodge | Jupette et Salopette

Le lendemain matin, nous nous sommes levés à l’aube pour aller admirer le lever de soleil sur Angkor Wat. Et cela vaut la peine.

Angkor Wat Cambodge | Jupette et Salopette
Angkor Wat Cambodge | Jupette et Salopette

Avec une longueur totale de 1 500 m et une largeur de 1 300 m, Angkor Wat est le plus grand monument religieux au monde. Son volume de pierres est égal à celui de la très célèbre pyramide de Khéops, en Égypte. Pour poursuivre la comparaison, sa construction a duré 30 ans, contre 20 ans pour Khéops, 3000 ans auparavant…

Dans un état de conservation admirable (c’est le temple le mieux conservé d’Angkor), il a été réalisé au 12e siècle par le roi Suryavarman II. Chaque recoin du lieu est couvert par des sculptures représentant des Dieux, des hommes et des animaux dont la plupart marquent l’histoire et la culture khmère.

Cet endroit était à l’origine un temple hindou, avant d’être converti au culte bouddhiste vers le 14e siècle. Aujourd’hui, il est encore fréquenté par des moines bouddhistes.

Angkor Wat Cambodge | Jupette et Salopette

Si vous souhaitez éviter un peu la foule, je vous recommande d’entrer dans le temple et de prendre à gauche sur un des côtés du temple. 

La vue est magnifique (voir ci-dessous) et peu de monde s’y aventure. Nous avons pris le temps d’admirer cette facade en prenant notre petit déjeuner. Un vrai bonheur.

Angkor Wat Cambodge | Jupette et Salopette

Après le déjeuner, nous sommes partis pour Banteay Kdei. 

Récemment restauré, le petit temple de Banteay Srei est construit en 967 pour honorer la divinité Shiva. Il est un joli mélange du temple Bayon et de Ta Prohm.

Vous retrouverez en effet à l’entrée du temple des sculptures en relief. Ensuite, pendant la visite du monument, vous pourrez retrouver les arbres gigantesques dont les racines prennent place entre les pierres.

Banteay Kdei Angkor Cambodge | Jupette et Salopette
Banteay Kdei Angkor Cambodge | Jupette et Salopette

S’il vous reste du temps avant de rentrer à l’hôtel, vous pouvez demander au chauffeur de vous arrêter au jardin botanique de Siem Reap. Il est gratuit et bucolique. La balade y est agréable et on peut y trouver certaines plantes endémiques.

2. APOPO VISITOR CENTER – Siem Reap

Pour rester dans la région de Siem Reap, j’ai souhaité vous partager cette visite qui m’a touchée. Pendant notre voyage, j’avais l’envie de pouvoir rencontrer ou découvrir des personnes et des histoires inspirantes. APOPO en est un parfait exemple.

Apopo Visitor Center Siem Reap | Jupette et Salopette

APOPO, acronyme de « Anti-Persoonsmijnen Ontmijnende Product Ontwikkeling » (en français : Développement d’un produit de détection anti-mines terrestres) est une organisation non gouvernementale belge qui forme depuis près de 30 ans une espèce de rats de Gambie, les « cricétomes des savanes » pour leur apprendre à détecter des mines terrestres ou la tuberculose. L’organisation travaille surtout en Afrique (Angola, Mozambique, Tanzanie), en Asie (Thaïlande et Cambodge) et en Amérique du Sud (Colombie).

Bart Weetjens, le fondateur d’APOPO, possédait déjà des rats domestiqués quand il était enfant et a naturellement établi un lien particulier avec ces rongeurs. Quelques années plus tard, il s’est intéressé à l’Afrique, où il a voyagé à plusieurs reprises alors qu’il était étudiant. Face aux faibles moyens des agriculteurs, il a eu l’idée d’utiliser des rongeurs pour détecter des mines anti-personnel. La direction générale de la coopération internationale (DGIS) de Belgique l’a accompagné financièrement en 1997. Un an après, APOPO a été enregistrée comme organisation à but non lucratif en Belgique.

En 2003, APOPO a entamé ses opérations au Mozambique. La même année, l’association a remporté le concours mondial Development Marketplace de la Banque mondiale, ce qui lui a permis d’obtenir un premier financement pour tenter une autre application du flair des rats, à savoir la détection de la tuberculose.

Pourquoi APOPO est arrivé au Cambodge ?

La région la plus fortement contaminée par les mines anti-personnel se situe à proximité de la frontière avec la Thaïlande. Ces mines ont été posées par le gouvernement cambodgien dans le milieu des années 80 afin de bloquer le passage d’insurgés.

Selon une étude du Landmine Impact Survey (LIS) de 2002, la survie de près de la moitié des communautés du pays était entravée par la présence de mines, les empêchant d’accéder à la terre, aux routes et à l’eau. Le Cambodge est l’un des pays ayant le nombre de décès le plus élevé dus aux mines anti-personnel.

En 2012, APOPO a noué un partenariat avec le Cambodian Mine Action Center (CMAC) afin d’entamer le déminage du pays et ainsi favoriser sa reconstruction et son développement.

Entre 2014 et 2016, les activités de déminages humanitaires se sont parfaitement déroulées et un groupe de HeroRATS ont pu faire un travail opérationnel dans les champs de mines pour aider les gens à retourner sur leurs terres.

C’est dans ce contexte que le visitor center de Siem Reap a ouvert ses portes en 2017.        Il a pour objectif de présenter le déminage humanitaire et l’action unique d’APOPO.

Aujourd’hui l’ONG poursuit toujours ces actions dans de nombreux pays du monde et continue la recherche et le développement pour détecter de nouvelles maladies.

Hero Rats Apopo Visitor Center Siem Reap | Jupette et Salopette

J’ai vraiment apprécié la présentation du centre qui est très bien faite et dont le tarif (8 euros par pers), reste très honnête. En plus, c’est pour une noble cause.

Si cela vous intéresse, l’APOPO Visitor Center est ouvert tous les jours de 8h30 à 17h00 (dernière visite à 16h30). Je vous conseille de réserver à l’avance en leur envoyant un e-mail à visitor.center@apopo.org.

3. « La Plantation » à Kampot, un superbe projet d’agrotourisme

En nous dirigeant plus au sud du Cambodge, nous avons passé plusieurs jours dans la ville de Kampot.

Ce nom vous dit vaguement quelque chose ? C’est normal ! La ville est connue pour produire l’un des meilleurs poivre du monde.

Il existe en effet un grand nombre de poivres et de baies sur notre planète. Mais certains sont réputés pour être les meilleurs du monde. Parmi eux on trouve :

– Le Voatsiperifery cultivé de manière sauvage à Madagascar.

– Les baies de Sichuan qui viennent de Chine.

– Le poivre de Penja, un poivre d’exception qui vient tout droit du Cameroun.

Le poivre de Kampot. Ce poivre bénéficie d’une Indication Géographique Protégée (IGP) depuis 2009. On peut le trouver dans sa version noire, blanche, rouge ou vert. ll est cultivé dans les provinces de Kampot et de Kep au sud-ouest Cambodge. Il développe des notes fruitées et mentholées. Son niveau de piquant est moyen.

Cette épice aime les terres fertiles dans les climats chauds et humides. Pas étonnant donc que l’on puisse le trouver ici.

Comme mon chéri est fan de poivre, nous étions curieux de découvrir la manière dont il est produit. C’est ainsi qu’en recherchant sur le net, nous avons trouvé le site de la Plantation. Et là encore, nous avons vraiment été touchés par le projet de Guy et Nathalie qui, en arrivant au Cambodge pour la première fois en 2013, sont tombés sous le charme et ont créé un projet pour le développement du pays et de sa communauté rurale.

La plantation poivre de Kampot Cambodge | Jupette et Salopette

Ils ont alors transformé un site en friche à une vingtaine de kilomètres de Kampot en un centre d’agrotourisme qui repose sur un socle de valeurs sociales, responsables et durables.

Les trois premières années ont été consacrées à la mise en place de la plantation de poivre de Kampot et aux ateliers de transformation des épices. Un site de production complet permet directement de traiter et d’emballer les épices après leur récolte. Un gage de préservation des arômes et de respect des standards internationaux en termes d’hygiène et de sécurité alimentaire.

A partir de 2016, ils ont souhaité ouvrir La Plantation aux visites, pour faire découvrir toutes les étapes manuelles de la sélection des meilleurs grains du poivre de Kampot.

En 2017, ils ont lancé un produit exclusif, le poivre de Kampot au sel. Il s’agit d’une technique unique pour conserver le goût et la texture croquante du poivre de Kampot vert frais, en le conservant avec du sel de Kampot.

La même année, ils ont également lancé un programme de sauvegarde du patrimoine architectural khmer. Cela a démarré avec l’installation du Salachan, un ancien réfectoire d’une pagode, qu’ils ont entièrement démonté et réinstallé à La Plantation.

La Plantation Kampot Cambodge | Jupette et Salopette

Ensuite, pour élargir leur gamme d’épices de qualité proposées à leurs clients, ils sont allés à la recherche des meilleures épices du Cambodge, avec un réseau de plus de 50 petites fermes familiales qui cultivent des épices aux standards « commerce équitable ».

Aujourd’hui, la Plantation est devenue le plus gros employeur de la région. Elle salarie plus de 150 personnes à temps plein et pendant la récolte qui dure environ 5 mois, elle emploie entre 100 et 150 personnes supplémentaires pour collecter les grappes et sélectionner les grains manuellement.

Poivre de La Plantation Kampot Cambodge | Jupette et Salopette

Grâce à elle, les villageois de la région peuvent recevoir un salaire chaque mois et bénéficier de trois repas par jour.

Certains ont aussi un logement sur place, une couverture médicale, un plan retraite. Ils peuvent suivre également des formations pour faire évoluer leurs compétences.

Au total, ce sont près de 1000 personnes (employés et leurs familles) qui ont de bonnes conditions de vie.

Surtout que sur le plan de l’éducation, Guy et Nathalie ont également souhaité soutenir l’école primaire du village. Ils ont créé une association qui a pour premier objectif de favoriser l’accès à l’enseignement primaire à tous les enfants du village situé à proximité de la Plantation.

Ils veillent donc à l’entretien des installations scolaires, fournissent aux enfants des bicyclettes, des fournitures scolaires… Ils payent également les salaires des enseignants.

Leur défi est aussi de réussir à offrir à ces enfants de la campagne, l’opportunité d’étudier dans le secondaire jusqu’à l’université afin qu’ils deviennent ensuite de futurs adultes autonomes et responsables.

Autant d’actions qui forcent le respect et l’admiration. Pas étonnant qu’ils aient reçu le prix Best of Excellence au salon Gourmet Sélection. Ce prix valorise la qualité exceptionnelle de leurs produits, mais aussi leur engagement éthique pour la production et le commerce équitable des meilleures épices du Cambodge.

Après cette visite, vous pouvez également découvrir dans la région, la ville de Kep et son célèbre marché au crabe, visiter des marais salants et passer une journée en scooter dans le parc Bokor.

Pour les hébergements sur Kampot, je recommande le Monkey republic et le White Pigeon.

4. « Pour un sourire d’enfant », l’émouvante histoire d’une association née à Phnom Penh

Après Kampot, place à une autre très belle histoire, sur Phnom Penh, celle de « Pour un sourire d’enfant » (PSE).

Nous en avions entendu parler en France. Mon chéri avait eu l’occasion d’interviewer ses fondateurs et il souhaitait découvrir leur travail sur place, au Cambodge.

Et le moins que l’on puisse dire, c’est que du travail, il en ont fait. En plus de 25 années d’existence, PSE a déjà sauvé 12 000 enfants de la misère ! Et lorsque l’on visite l’établissement, on ne peut qu’avoir les larmes aux yeux devant tant de détermination pour offrir un avenir à ces jeunes cambodgiens.

Je n’ai pas de photo car elles ne sont pas autorisées dans l’école mais je vous encourage à aller découvrir leurs réseaux sociaux.

L’histoire de « Pour un Sourire d’Enfant »

En 1995, le Cambodge sort à peine de 25 années de guerre, dont quatre passées sous la dictature des Khmers rouges (je vous en parle dans le dernier point). Le pays est dévasté.
Il n’existe plus aucun repère, plus aucune structure. Les pauvres vivent dans une très grande misère à la fois matérielle, physique et morale.
Et les enfants en sont les premières victimes : leur avenir se limite aux décharges ou à l’errance dans les rues avec tous ses dangers.

Christian et Marie-France des Pallières, les fondateurs, sont alors de jeunes retraités en mission humanitaire à Phnom Penh. Quand ils découvrent une décharge à ciel ouvert où vivent et travaillent des centaines d’enfants, ils sont sous le choc et décident immédiatement de « faire quelque chose » pour répondre à la demande, simple, des enfants : un repas par jour et aller à l’école.

Christian et Marie-France commencent la distribution de quelques repas sur la décharge pour les enfants affamés mais, rapidement dépassés par la situation, ils se rendent en France fin 1995 pour alerter leur famille et leurs amis qui, face à l’urgence, se mobilisent.

A leur retour au Cambodge, ils montent un programme de distribution de repas et de premiers soins, directement sur la décharge dans une petite paillote.

Le couple souhaite ensuite scolariser ces enfants mais la détresse des parents est tel que, pour qu’ils acceptent, il faut leur donner le manque à gagner de leurs enfants sous forme de distribution de riz.

Ils construisent ainsi une petite école près de la décharge qui accueille d’abord 10 enfants, puis 40, puis 100… Et 250 lors de la rentrée de 1997 !

Quelques années plus tard, Christian et Marie-France des Pallières se rendent compte que  l’école primaire et secondaire ne suffisent pas. Certains jeunes – même avec le Brevet en poche – ne trouvent pas de travail et retournent sur la décharge.

Ils créent alors un programme de formations professionnelles – ce qui n’existait pas dans le pays – adaptées aux besoins du marché de l’emploi cambodgien. Mécanique, esthétique, hôtellerie-restauration et même formation aux métiers du cinéma (passion de Christian) sont disponibles.

Aujourd’hui, même si Christian est décédé, l’association continue de s’adapter aux besoins des enfants et de leurs familles.

Pour visiter le centre de formation, pensez à réserver. Vous pouvez d’ailleurs déjeuner sur place dans le restauration d’application et vous faire coiffer ou maquiller par les élèves.

Si vous voulez en savoir plus sur cette formidable « arme de destruction de la misère », sachez qu’un documentaire a été réalisé. Il s’intitule « Les pépites ».

5. Deux lieux de mémoire pour ne pas oublier les horreurs commises par les Khmers rouges – Phnom Penh

On reste sur Phnom Penh mais pour cette fois-ci comprendre une histoire douloureuse et marquante du Cambodge. Rendez-vous au musée du génocide de Tuol Sleng et aux « Killing fields » pour mieux appréhender cette page d’histoire atroce.

Musée du génocide Phnom Penh | Jupette et Salopette

Comprendre l’histoire des Khmers rouges

Ancien protectorat français, le Cambodge obtient son indépendance le 9 novembre 1953, à la fin de la guerre d’Indochine. Devenu une monarchie constitutionnelle, le pays est alors dirigé par le roi Norodom Sihanouk.

Dans les années 1960, le régime est en proie à de grandes difficultés. C’est le début de la guérilla marxiste menée par les Khmers rouges. A partir de 1967, sous le commandement de Saloth Sar, alias Pol Pot, cette opposition se métamorphose en une lutte systématique contre les forces gouvernementales. Par ailleurs, la guerre que les Etats-Unis sont en train de livrer au Vietnam s’étend au Cambodge, où les troupes américaines viennent débusquer les forces vietnamiennes qui s’y sont réfugiées.

Le 18 mars 1970, les Américains aident le général Lon Nol à prendre le pouvoir. Norodom Sihanouk est destitué et la République est proclamée le 9 octobre.

Le départ de l’armée américaine en 1973 précipite l’arrivée des Khmers rouges au pouvoir. Le 17 avril 1975, ils prennent Phnom Penh et instaurent la République démocratique du Kampuchea.

Dès lors, la dictature menée par Pol Pot sera caractérisée par les déplacements massifs de population (Phnom Penh est entièrement vidée de ses habitants en une journée), l’élimination de l’élite intellectuelle, le travail forcé, la famine, la généralisation de la torture et des exécutions sommaires.

Entre 1975 et 1979, plus d’un million et demi d’individus périssent dans ce chaos. Les chiffres varient de 1,3 jusqu’à 2,3 millions de morts, soit 17 à 30% de la population cambodgienne d’alors.

Le musée du génocide Tuol Sleng

Le musée du génocide ou S-21, est un musée situé à Phnom Penh, qui traite de ce génocide. 

Il s’agit d’une ancienne prison, S-21, la plus connue des quelques 196 prisons que la dictature khmère rouge avait disséminées à travers le Cambodge durant les années 1970. Elle était dirigée par Kang Kek Ieu, alias « Douch », et elle dépendait directement des plus hauts dirigeants du régime.

Musée du génocide de Tuol Sleng | Jupette et Salopette

Appartenant autrefois au lycée Tuol Svay Prey, les bâtiments du grand complexe furent convertis en prison et centre d’interrogatoire par les Khmers rouges en 1975. Ces derniers le nommèrent ensuite la « Prison de sécurité 21 » ou « S-21 ». Sa reconstruction débuta donc avec l’installation des barbelés sur chacune des fenêtres du bâtiment. Les salles de classe furent aussi transformées en chambres de torture et en cellules pour les prisonniers.

Musée du génocide de Tuol Sleng | Jupette et Salopette

Entre 1975 à 1979, près de 18 000 personnes furent recensées et emprisonnées à Tuol Sleng. La prison détenait entre 1000 à 1500 prisonniers, torturés et tués avec les membres de leur famille. Toutefois, les premières victimes appartenaient au régime de Lon Nol qui se composait de soldats, de fonctionnaires, de médecins, d’étudiants, etc. Plus tard, les prisonniers arrêtés et exécutés en masse étaient constitués de politiciens communistes connus ainsi que les membres de leurs familles.

En 1979, l’armée vietnamienne redécouvrit la prison et c’est ensuite que le gouvernement du Kampuchea le rouvrit en tant que musée historique. Depuis janvier 1980, Tuol Sleng fut donc rebaptisé musée du génocide khmer.

Le musée est ouvert tous les jours de 8h à 17h00 et pour les étrangers, le prix est à 5 dollars, plus 5 dollars pour l’audioguide que je recommande vraiment. Comptez au minimum 2h de visite.

Le musée de Tuol Sleng expose aujourd’hui toutes sortes de photos et de documents relatant les faits macabres de l’histoire du Cambodge. Âmes sensibles, s’abstenir. Des scènes de torture, de violence sans retenues, des photos de victimes torturées, des salles remplies d’instruments de tortures seront à voir.

Le site est composé de quatre bâtiments principaux nommés Bâtiment A, B, C et D. Le bâtiment A est constitué de grandes cellules où l’on a découvert les corps des dernières victimes. Le bâtiment B, quant à lui, constitue la galerie où l’on expose les nombreuses photos en noir et blanc. En poursuivant au bâtiment C, vous verrez d’anciennes cellules où les Khmers rouges plaçaient les prisonniers. Et enfin, le bâtiment D est la salle où sont exposés les jambières et les instruments de torture. Dans ce dernier bâtiment se trouvent aussi des tableaux montrant des prisonniers torturés, étouffés et pendus, peints par l’ancien détenu Vann Nath.

Killing Fields, situés au village de Choeung Ek

Une fois la visite terminée, vous pouvez ensuite vous rendre aux Killing Fields, situés au village de Choeung Ek.

De 1975 à 1979, sous le régime des Khmers rouges alors appelé « Kampuchéa Démocratique », Choeung Ek est devenu le lieu principal d’exécution des prisonniers provenant de la prison de Tuol Sleng S-21.

Il faut savoir que bien avant sa transformation en lieu d’exécution massive, Choeung Ek était un endroit tout à fait paisible. Il s’agissait en effet d’un cimetière pour la communauté chinoise vivant ici, à 17 kilomètres au Sud-Ouest de Phnom Penh.

Le parc commémoratif de Choeung Ek a été construit autour des fosses communes de plusieurs milliers de victimes, dont la plupart ont été exécutées après interrogatoire à la prison S-21 de Phnom Penh. La majorité des personnes enterrées à Choeung Ek étaient des Khmers rouges tués lors des purges au sein du régime.

Régulièrement, les os et les vêtements refont surface après de fortes pluies en raison du grand nombre de corps encore enterrés dans des fosses communes peu profondes. Il n’est pas rare de croiser les os ou les dents des victimes éparpillés à la surface lors d’une visite du parc du mémorial.

L’une des choses les plus symbolique et marquante du site, c’est cet arbre aujourd’hui recouvert de bracelets, où les nouveaux nés étaient exécutés.

Killing Fields Phnom Penh | Jupette et Salopette

Pour vous rendre là-bas, je vous conseille de prendre un tuk-tuk et de négocier qu’il vous attende pour le retour.

L’entrée de ce site est également autour d’une dizaine d’euros avec l’audio-guide.

Avant de vivre cette journée toute particulière, je vous recommande de télécharger sur Netflix le film « D’abord ils ont tué mon père ». 

C’est un film américano-cambodgien réalisé par Angelina Jolie, sorti en 2017. Il s’agit de l’adaptation du roman autobiographique de la militante cambodgienne Loung Ung qui a vécu pendant la période des Khmers rouges.

Pour terminer sur la capitale avec des visites moins fortes en émotion, je vous recommande de passer près du Palais Royal, d’aller voir le temple Wat Phnom pour y croiser des grands Calao, des oiseaux impressionnants d’Asie. L’île de Koh Dach, aussi appelée l’ « île de la soie » est très sympa pour rapporter de jolies étoffes en souvenir et voir comment elles sont fabriquées.

Calao Phnom Penh | Jupette et Salopette

Côté logement, je recommande le Sacred Lotus Cafe/Hostel. Situé juste à côté du Russian Market qui vaut le détour, l’hôtel dispose de chambres privées et de dortoirs. L’ambiance y est très bohème, avec notamment le rooftop où l’on peut chiller en soirée. Le restaurant est vegan.

A proximité, nous avions une cantine où nous allions dîner tous les soirs ! Il s’agit du Golden pumpkin. Le rapport qualité/prix est imbattable et les plats sont absolument délicieux. Allez-y les yeux fermés !
J’espère que cet article vous a plu et qu’il vous a donné envie de découvrir ces histoires inspirantes ou émouvantes. Si vous avez des questions, des remarques ou des commentaires, n’hésitez pas, je suis à votre écoute.

Je vous dit à bientôt pour de nouvelles aventures !

Pin It on Pinterest

Share This